L’orgue de l’église St Martin, placé en tribune, est l’œuvre du facteur d’orgues George GLOTON, réalisé en 1923.

Que savons-nous de ce facteur d’orgues d’origine bourguignonne, formé dans les ateliers Cavaillé-Coll ?

C’est en 1919 que George GLOTON reprend la manufacture d’orgues de Louis DEBIERRE, qui avait été fondée en 1875 à Nantes.

Ce facteur d’orgues s’était constitué rapidement une clientèle importante dans le milieu catholique et était devenu l’un des plus célèbres facteurs d’orgues français à la fin du XIXème siècle, comptabilisant plus de 1000 orgues à son actif. (Pour comparer, Cavaillé Coll a construit plus de 10 000 orgues dans le monde). Le marché était en effet en plein essor à l’époque, la plupart des lieux de culte catholiques cherchant à se doter d’un orgue pour accompagner les offices. C’est ainsi que Louis DEBIERRE fut à l’origine de l’invention des orgues polyphones : un même tuyau pouvait produire plusieurs sons différents, réduisant ainsi l’encombrement et le coût.

Vous pouvez en Mayenne voir quelques exemplaires de ces orgues polyphones qui ont rencontré un franc succès : Bouëre : église Saint-Cyr, Désertines : église Saint-Pierre, Laval : chapelle du Centre Hospitalier, Laval : Chapelle du Lycée Haute-Follis, Livré-La-Touche : église Notre-Dame-de-L’Assomption, Louverné : église Saint-Martin, Quelaines-Saint-Gault : église Saint-Gervais-et-Saint-Protais, Renazé : église Saint-Augustin

Revenons à George GLOTON qui reprend donc la manufacture DEBIERRE à la retraite de Louis : il poursuit l’activité de la manufacture, située quartier Clément à Nantes, et s’associe à Mr LE MINTIER. GLOTON maintient la grande tradition DEBIERRE sans grands changements si ce n’est l’accent mis sur les transmissions pneumatiques des notes. Il sera à l’œuvre à Pontmain, c’est lui qui fabriquera le grand orgue de la basilique en 1931.

Sans enfant, il forme le jeune Joseph BEUCHET, petit-fils de Louis DEBIERRE, à la facture et la direction d’entreprise.

En 1934, la firme ouvre une succursale à Paris. En 1947, Joseph Beuchet en devient patron, l’entreprise portant désormais le nom de BEUCHET-DEBIERRE, alors première manufacture d’orgues en France, forte de ses 50 employés.

Mais alors, qu’en est-il de notre instrument à l’église Saint Martin de Mayenne ?

C’est Monsieur l’abbé FAUCHARD, organiste à la paroisse Notre-Dame de Mayenne, et plus tard titulaire du grand orgue de la Cathédrale de Laval, qui fit la conception de cet instrument. Il l’inaugure avec C. COLIN (Rennes) le 16 décembre 1923.

C’est un instrument néo-classique plutôt adapté aux œuvres classiques et symphoniques, s’il l’on s’en tient à sa composition actuelle en ce qui concerne les jeux disponibles. Ce courant français des orgues néo-classiques a succédé aux grands instruments symphoniques, de l’époque Cavaillé Coll par exemple. Cela est à mettre en relation avec les musiques du début du XXème siècle composées par Debussy, Vierne, Messiaen…qui recherchent le timbre, le détail, comme en impressionnisme. Ce style de musique demande une registration variée. 

Le début du XXème siècle est aussi l’époque où on redécouvre la musique ancienne, et où on cherche à rejouer la musique classique de façon fidèle sur des instruments permettant de réentendre des timbres oubliés.

Sur l’orgue de l’église Saint Martin, la présence d’un jeu de cromorne au Grand Orgue indique ainsi le souhait de pouvoir jouer la musique du XVIIème siècle (des pièces de type Cromorne en Taille par exemple). On remarque aussi que cet orgue dispose de 2 pleins jeux (l’un au GO et l‘autre au Récit (avec la cymbale également) : cela dénote par rapport aux instruments de style symphonique caractérisés par des jeux de fonds 16 8 et 4 pieds au GO

 

Cet orgue, depuis sa construction, a fait l’objet de quelques modifications.

En 1932, on ajoute par exemple un jeu de voix humaine au Récit.
En 1942, George GLOTON réalise un relevage de l‘orgue, c’est à dire en quelque sorte une révision complète en déposant toute la tuyauterie de l’instrument.Toute la mécanique est alors révisée, réglée ; on corrige les éventuels dysfonctionnements avant de remettre les tuyaux en place et de les harmoniser. A cette occasion,  le plein jeu est transféré au Récit, et on ajoute un dessus de cornet au grand orgue.
A partir des années 1970, l’état de l’instrument se dégrade progressivement, la manufacture BEUCHET-DEBIERRE adresse d’ailleurs un devis de relevage et d’améliorations esthétiques pour l’orgue de Saint-Martin (20 décembre 1971), devis resté sans suite.

La sécheresse de 1976 sera tout à la fois fatale et salutaire pour l’instrument. L’organiste de l’époque, Maurice BELAUD alerta la municipalité, qui par deux courriers datés du 17 novembre et 16 décembre 1976 demandait à la manufacture nantaise un devis de remise en état pour les orgues des églises Notre-Dame et Saint-Martin de la ville de Mayenne. 

Lors de sa séance du 1er Juillet 1977, le Conseil Municipal confiait les travaux à la Manufacture RENAUD, de Nantes (44). Les travaux ont été réalisés en 1978. C’est d’ailleurs le nom de cette manufacture qui figure sur la plaque en cuivre sur le fronton à gauche des registres.

Une remise à neuf complète de la transmission est réalisée : transmission des notes par vergettes en sapin, équerres de rappel en laiton, et abrégés verticaux à l’aplomb des soupapes, avec rouleaux en aluminium sur planche de bois.

Pour les jeux du grand orgue, et du Récit, traction des registres électro-pneumatique avec grands soufflets cunéiformes en tête de registres. Pour la pédale et les jeux neufs, transmission électrique (RENAUD).

La console a été vraisemblablement entièrement revue lors de ces travaux. La console, c’est  l’emplacement où l’organiste joue. Les différentes commandes y sont regroupées:
. le ou les claviers manuels
. le clavier de pédale ou « pédalier »
. les tirants permettant la commande des jeux.

Elle comporte actuellement deux claviers en sapin de 56 notes avec naturelles, fronton biseauté et feintes en plastique (blanc pour les naturelles, noir pour les feintes).

Le pédalier à l’allemande comporte  30 notes.

Les registres sont placés sur une seule rangée au-dessus du clavier de Récit, par dominos en plastique blanc, écriture gravée verte pour la pédale, noire pour le Grand Orgue et rouge pour le récit.

Les pédales de combinaison à accrocher, en fer, de gauche à droite = Tirasse GO – tirasse Récit – Copula unisson – (système d’expression avec pédale pivot)  – Anches pédales – Anches récit – Tutti.