Homélie 23ème Dimanche ordinaire A

10 septembre 2023 Eglise Saint-Pierre à Changé

 

 

Il est important, parfois, pour mieux comprendre un passage d’Evangile, comme celui que l’on vient d’entendre, de le resituer dans l’ensemble, et notamment lire ce qui précède et ce qui suit.

 

C’est particulièrement vrai pour l’évangile de ce dimanche où ce passage vient après l’histoire de la brebis égarée que le berger va chercher en laissant toutes les autres…et Jésus de dire : « Notre Père des cieux ne veut pas qu’un seul de ses petits soit perdu ».

Et après le passage d’aujourd’hui, il s’agit de la règle du pardon dans laquelle Jésus demande au disciple de pardonner sans compter.    Nous comprenons mieux alors que l’Evangile d’aujourd’hui, sur la correction fraternelle, invite le disciple de Jésus à faire son devoir lorsqu’il voit son frère en danger.

 

Autant dans cet évangile de Matthieu que dans la Parole du prophète Ezéchiel entendue en première lecture : l’accent est mis sur la patience, sur la présence attentive et fraternelle du croyant qui permet à un autre frère, à un autre croyant, ou à toute homme pécheur de se relever, de repartir, d’être accueilli.

Avant de dire aux pécheurs « va et ne pèche plus », Jésus prenait toujours le soin de les écouter, de les aimer afin que sa Parole leur ouvre un chemin de réconciliation et de libération.  Jésus s’oppose au péché mais relève l’homme blessé par son péché.

 

Tel est bien l’enjeu de toute vie chrétienne : permettre à celui ou celle, qui est sur le point de s’enfoncer dans la médiocrité, l’erreur, le mal, de se ressaisir, et de pouvoir croiser à nouveau le regard de ses frères et sœurs, et à travers eux, le regard de Jésus.

 

En cette période de reprises de toutes activités, nous pouvons relire, avec un cœur renouvelé, les lectures de ce dimanche comme une charte d’amour et de confiance où les mots de St Paul peuvent résonner encore longtemps dans nos vies de baptisés : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même… l’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour ».

Je vous propose de retenir deux attitudes, deux missions tirées de la première lecture et de l’évangile :

– Être un guetteur, un veilleur ;

– Être un témoin, un membre à part entière de l’assemblée de l’Eglise.

Être un guetteur, un veilleur :

Ézéchiel avait une haute idée de son rôle de prophète. Pour lui, le guetteur n’était pas un contrôleur ou un surveillant, mais bien le veilleur attentif à l’homme pécheur pour l’aider à retrouver sa place et sa dignité. C’est une belle invitation à veiller avec bonté sur le prochain. J’aime ce que dit la jeune Bernadette Soubirous dans le récit de l’apparition de la Vierge Marie à Lourdes : son témoignage est humble et lumineux lorsqu’elle rapporte l’un des moments des apparitions : « Marie me regardait comme une personne… »

La mission du veilleur est de regarder l’autre comme une personne, comme un frère ou une sœur aimée de Dieu.  Marie qui a parlé à Bernadette est pour nous aujourd’hui la mère du Christ et la mère de l’Église qui nous invite à regarder tous nos frères et sœurs du monde comme des personnes.

– Être veilleur, mais aussi être un témoin, un membre à part entière de l’assemblée de l’Église :

L’Évangile nous rappelle toujours que ce n’est plus la loi des pharisiens qui domine, mais la fraternité, la charité, l’amour. Souvent, nous considérons notre vie de croyant comme une relation personnelle avec Dieu… et c’est bien, car chacun est unique et sa relation à Dieu, sa prière est unique… mais cette relation « verticale » avec Dieu notre Père appelle une relation « horizontale » dans laquelle Jésus nous place en relation avec les autres, avec l’humanité tout entière et avec l’assemblée de l’Église. Devenons ainsi des témoins de la joie de l’Évangile.

Le Seigneur est présent dans la fraternité des hommes, dans les joies et les peines partagées… et Dieu compte sur tous les artisans de bonne volonté afin que sa Bonne Nouvelle soit partagée et vécue au jour le jour avec cette consigne de l’Évangile : « Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel… ; et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel ».

Puissions-nous percevoir  la présence d’amour du Christ et de sa promesse « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » dans nos vies quotidiennes et notre paroisse.