Homélie : Si 35, 15b-17. 20-22a ; Ps 33 ; 2 Tim 4, 6-8. 16-18 ; Lc 18, 9-14
Chers amis, la liturgie insiste sur la justice.
Déjà dimanche dernier, j’avais choisi d’approfondir un aspect de la justice, en rappelant avec l’enseignement social de l’Église, que la recherche du bien commun pour les élus et les citoyens était une exigence encore plus nécessaire que de se satisfaire de l’intérêt général. Le bien commun comme son nom l’indique est le bien de chacun et de tous et toujours, quelque soit la situation particulière de chacun. L’intérêt général est souvent un progrès sur le chemin de la justice, mais il peut s’avérer que tel choix politique voulu par la majorité ne corresponde pas au véritable bien commun.
La liturgie insiste sur la justice, avec la 1e lecture tiré du livre de Ben Sira le Sage : « Le Seigneur est un juge qui se montre impartial envers les personnes » ; avec le psaume 33e : « Le Seigneur regarde les justes » ; avec la 2e lecture, St Paul nous offre dans la finale de cette 2e lettre à Timothée, son testament et son assurance : « Le Seigneur, le juste juge, me remettra la couronne de la justice » ; avec l’Évangile, dès la première phrase qui éveille notre attention sur le sens profond de la parabole : « En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes…, Jésus dit la parabole ».
Chers amis, abordons un autre aspect de la justice, en cette proximité de la Toussaint et de la commémoration des fidèles défunts. Comment comprendre, non pas sans crainte, puisque « la crainte est le commencement de la sagesse », mais sans la peur-panique qui est mauvaise conseillère : « Le Seigneur est le juste juge ». On a tellement reproché à l’Église depuis le Moyen-âge d’avoir terrorisé les consciences ! Entendre que le Seigneur est le juste juge devrait nous stimuler et nous apaiser ! Comme il nous est bon d’accueillir l’enseignement de l’Église sur les fins dernières ». C’est la finale de notre credo : « Je crois en la vie éternelle. AMEN ». Je vous propose d’approfondir ce dernier article du credo avec St François de Sales qui disait : « Le temps pour chercher Dieu, c’est la vie. Le temps pour trouver Dieu, c’est la mort. Le temps pour posséder Dieu, c’est l’éternité ».
«Le temps pour chercher Dieu, c’est la vie ». Nous recevons tout de Dieu par nos parents. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? ». « Vraiment il juste et bon de te rendre grâce ». Le Youcat de 2011 nous précise que la vie éternelle commence avec le baptême qui nous plonge dans la vie trinitaire de Dieu, la vie de relations, la vie d’amour. Depuis le péché de nos premiers parents, nous n’avions plus accès à la vie surnaturelle de Dieu. Alors, Dieu a multiplié les alliances et fait advenir un Messie-Sauveur pour l’humanité qui nous ajuste à lui, qui nous justifie. « Vraiment il est juste et bon de te rendre grâce ». L’Église nous offre la plénitude des moyens de salut : la Parole de Dieu, les sacrements, la prière, la vie dans l’Esprit. « Il est juste et bon de te rendre grâce ». Dieu a mis en nous cette aspiration, ce désir d’accomplissement, d’éternité : « Tu nous as fait pour toi, Seigneur et notre cœur est inquiet tant qu’il ne repose pas en toi » St Augustin. C’est l’éternité qui donne sens à notre vie. Les évêques de France écrivaient dans le Catéchisme pour adultes, en 1991 : « L’espérance chrétienne ne diminue pas, mais augmente encore la perception du sérieux de la vie terrestre ».
« Le temps pour trouver Dieu, c’est la mort ». Youcat explique : « Lors de la mort, chacun arrive à l’heure de vérité. Alors, rien ne peut plus être repoussé ou caché. Rien ne peut plus être changé. Nous sommes confrontés au jugement de Dieu, qui nous fait justice, car dans sa proximité sainte, nous ne pouvons être que justes, aussi justes que Dieu nous a désirés quand il nous a créés. Peut-être aurons-nous besoin d’un processus de purification, peut-être pourrons-nous tomber immédiatement dans les bras de Dieu ? Mais peut-être sommes-nous remplis de tant de méchancetés que nous refuserons à jamais le visage de l’amour, ce visage de Dieu. Une vie sans amour n’est rien d’autre que l’enfer ». Et nous savons, par expérience, que si le ciel est déjà sur la terre quand nous aimons en vérité, l’enfer est déjà sur la terre quand la guerre est là, quand l’injustice est là… Choisissons les bras de Dieu. La petite Ste Thérèse disait avec confiance : « Je me présenterais devant Dieu les mains vides ». Elle a fait tout le bien possible sur la terre, mais elle comptait surtout sur la miséricorde infinie de Dieu. « Vraiment il juste et bon de te rendre grâce ». La grande Ste Thérèse, Thérèse d’Avila disait : « Je veux voir Dieu et pour voir Dieu, il faut mourir ». St Jean de la croix, lui, assurait : « Au soir de cette vie, nous serons jugés sur l’amour ». Laissons le dernier mot des saints à Ste Thérèse de l’Enfant Jésus : « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie ».
« Le temps pour posséder Dieu, c’est l’éternité ». Youcat n°158 a 2 belles images pour parler du ciel : « Un jeune couple qui se regarde amoureusement dans les yeux, un bébé pendant la tétée qui cherche le regard de sa maman, comme s’il voulait conserver chaque sourire pour toujours… sont des exemples qui peuvent donner une petite idée du ciel. Pouvoir voir Dieu face à face est comme un unique instant qui dure à l’infini ».
Chers amis,
Peut-être comprenons-nous mieux maintenant St Paul qui à la fin de sa vie confiait : « Le Seigneur, le juste juge, me remettra la couronne de la justice », celle des œuvres de Paul, celle surtout de l’œuvre de Dieu qui seul justifie.
AMEN ALLÉLUIA MARANATHA

