Accueil : Frères et sœurs, chers amis,
Ce chant d’entrée nous met bien dans l’esprit de ce dimanche : « Je veux chanter ton amour, Seigneur, chaque instant de ma vie, danser pour toi en chantant ma joie et glorifier ton Nom ». Et cet amour du Seigneur nous tourne vers sa création toute entière, en commençant par les plus pauvres. Nous fêtons aujourd’hui, en décalé, la fête du 27 septembre, en nous souvenant de St Vincent de Paul, spécialement avec la société St Vincent de Paul de Mayenne. Nous fêtons, également, ce jour même, Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, patronne des missions et patronne secondaire de la France. Thérèse écrivait : « Au cœur de l’Eglise ma mère, je serai l’amour, ainsi je serai tout ». Que la charité couvre une multitude de nos péchés
Homélie : Ez 18, 25-28 ; Ps 24 ; Phi 2, 1-11 ; Mt 21, 28-32
Chers amis, avec la 1e et la 2e lecture, Dieu ne cesse de nous appeler, soit à la bonté et à la justice, soit à des dispositions communes : l’humilité, l’amour, la tendresse, la compassion, l’unité, la joie, puisés dans l’abaissement et le relèvement de Jésus.
Avec le psaume 24e, nous avons supplié le Seigneur de nous monter le chemin de nos propres réponses : « Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaitre ta route. Le Seigneur montre aux pécheurs le chemin, il enseigne aux humbles le chemin »
Avec l’Evangile, l’appel du Seigneur se fait plus instant, pour chacun d’entre nous : « Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne ». Sommes-nous de ceux qui répondent, comme les publicains et les pécheurs : « Non, je ne veux pas », mais qui, finalement, se repentent et accomplissent leur travail, leur mission, leur humanité ? Ou sommes-nous de ceux qui répondent : « Oui, Seigneur », comme les grands prêtres et les anciens, mais qui, finalement, n’accomplissent pas leur destiné de bonheur, offerte par le Père ?
Chers amis, comment discerner que nous accomplissons bien notre vocation d’hommes et de chrétiens, pas seulement en choisissant un métier, un conjoint ou le célibat, des amis, une voiture, une maison, un investissement financier, etc…, mais dans le quotidien ? Comment discerner que notre réponse est bien la bonne, cad la meilleure, celle attendue par le Seigneur ?
Je vous propose 3 repères, autour de 3 mots :
Le premier mot : AMEN. C’est un mot araméen, devenu grec, puis latin qui signifie Oui, mais un Oui qui ne peut se réaliser qu’en s’appuyant sur Dieu. Dans la racine araméenne, il y a l’idée de solidité : Oui, je m’appuye sur toi, tu es le Roc ; Oui, c’est sûr ; Oui, je crois. Avez-vous remarqué que nos réponses varient, aussi bien pour les non que pour les oui : « Oui, oui », « Oui, on verra » ou « Oui, peut-être » ou Oui, mais, en fait, non. Dieu nous dit par la bouche de St Paul : « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais » Mt 5, 37. Jésus nous invite à nous engager dans nos réponses, avec notre intelligence, notre volonté, notre cœur, notre âme, notre esprit. Tous les oui n’ont pas la même importance. Mais pour qu’un acte soit pleinement humain, il importe de s’engager dans ces oui ou dans ces non. Car il y a des non à toutes formes de mal qui sont des Oui à la vie. Beaucoup pensent, comme à la messe que c’est le mot de la fin, la fin des prières, c’est en définitive le mot des commencements qui dit notre réponse confiante, AMEN, bien loin de l’idée péjorative de « dire Amen à tout ». Amen, c’est tellement plus qu’un mot, c’est notre vocation/mission. St Paul parle du Christ comme « l’Amen de Dieu ». Puissions-nous devenir en Christ un AMEN, à la gloire de Dieu.
Le deuxième mot : ALLELUIA, un mot latin dérivé de l’hébreu, signifiant « Louez Yahvé ». Un 2e critère que nous accomplissons bien la volonté de Dieu est celui de la joie. Quand nous sommes dans l’épreuve, nous pouvons expérimenter une certaine force, une certaine sérénité, nous gémissons dans la prière. Je vous recommande de lire et relire l’homélie du pape François à Marseille, qui commentait l’Evangile de la visitation, de la rencontre de Marie et d’Elisabeth/Zacharie, de Jésus et de Jean-Baptiste, dans le sein de leur mère. François interrogeait : « Croyons-nous que Dieu est à l’œuvre dans nos vies, de façon cachée et imprévisible ». Croyons-nous que la grâce de l’Esprit-Saint vient à notre secours pour répondre aux appels quotidiens du Seigneur ? François suggérait : est-ce que notre âme comme celle de Marie et d’Elisabeth tressaille, cad vibre, brûle de joie dans l’Esprit, tressaille de compassion devant son prochain, tressaille de foi, d’espérance et de charité, dans l’accomplissement des activités banales et répétitives de l’existence ? Tout le contraire de l’indifférence. ALLELUIA, cette joie intérieure qui a besoin de déborder, est un beau signe de fidélité à sa propre vocation.
Le troisième mot : MARANATHA 1 Co 16, 22, en araméen (transcrit en grec) signifie soit « Le Seigneur est venu » (Maran atha), soit « Viens, Seigneur » (Marana tha! ) Ap 22, 20. Maranatha était dans les premières communautés chrétiennes en Palestine s’exprimant en araméen, une acclamation liturgique ou une salutation liturgique entre chrétiens. Maranatha, c’est la conscience vive que seul le Seigneur peut perfectionner nos actions, notre existence. Maranatha, c’est l’ardeur du désir de celui qui veut agir sous le regard de Dieu qui est venu, qui vient et qui reviendra. Maranatha, c’est le 3e repère de toutes nos actions. Ce qui faisait dire à St Vincent de Paul, quand une fille de la charité s’inquiétait d’abréger sa prière pour le soin des pauvres : « Ce n’est point quitter Dieu que quitter Dieu pour Dieu ». Ce qui faisait dire à Ste Thérèse de l’Enfant Jésus : « J’ai compris que l’amour renfermait toutes les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux, en un mot qu’il est éternel. Alors dans l’excès de ma joie délirante, je me suis écriée : Oh, Jésus mon Amour, ma vocation, je l’ai enfin trouvée, ma vocation, c’est l’amour ! »
AMEN ALLELUIA MARANATHA