33ème dimanche du temps ordinaire
L’homélie du Père Laurent
Textes : Pr 31,10-31 ; 1 Th 5,1-6 ; Mt 25, 14-30
« Tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ».
Bien chers frères et sœurs, la Parole de Dieu de ce matin nous parle des réalités essentielles à notre auto-construction, à l’harmonie et à l’équilibre du monde. Elle nous parle de talents. Mais de quels talents s’agit-il. Pour répondre à cette question l’on serait tenté d’affirmer qu’il s’agit des talents naturels ou acquis par la compétence. En effet, qui parmi nous peut dire qu’il n’a pas de talents ? Oui, nous avons tous reçu des talents, chacun, suivant ses capacités comme nous le souligne l’Evangile: « A l’un, il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités. » Chacun d’entre nous a donc reçu des talents, certains, plus que d’autres. Chacun a reçu selon ses capacités. Par conséquent, il n’y a pas de raison d’envier les talents d’un autre. Ce sont de lourdes responsabilités que nous portons, chacun à la mesure de ses possibilités puisqu’il y a obligation de les faire fructifier.
L’évangile nous dit que les talents que chacun d’entre nous a reçus ne sont pas des biens personnels à utiliser à sa guise. Non. Tout au contraire, ce sont des biens confiés. Bien plus, des biens qu’il faut faire fructifier. Des biens dont nous rendrons compte au jour de notre face à face avec l’éternel. Il est donc urgent que chacun se mette à l’œuvre. Car comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture : « Le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. » Prenons donc garde qu’il ne nous surprenne, avec nos talents enfouis dans la terre, et qu’on ne nous jette dehors dans les ténèbres, là où il y a des pleurs et des grincements de dents. Et pourtant, c’est bien ce qui se donne à constater. Nous ne mettons pas nos talents au service de la communauté qui en a tant besoin.
– Combien de personnes ont reçu des voix angéliques mais ne manifestent aucun intérêt pour les chorales ?
– Combien savent lire avec des voix hautes, intelligibles et captivantes mais ne se soucient de s’insérer dans le groupe des lecteurs ?
– Combien ont reçu l’art de décorer, d’embellir, d’accompagner, de diriger les hommes mais détalent à vive allure quand ils pressentent qu’on veut leur confier une responsabilité.
Frères et sœurs bien aimés, nombre d’entre nous refusent de faire fructifier leurs talents. Au contraire, ils les développent et les utilisent non pour construire, aider, conseiller, relever, mais pour en user abusivement ou pire pour détruire les autres, semer le désordre, dénigrer et critiquer. Il s’en trouve aussi qui ne fructifient pas leurs talents, parce qu’ils ne les ont pas encore découverts. Tout porte à croire qu’ils ne bougent pas suffisamment. Or, l’homme ne se construit qu’en agissant. De la même manière qu’il faut parfois une secousse à l’enfant qui dort pour qu’il saute de son lit et se mette à l’œuvre, ainsi devons- nous, nous secouer afin que se déploient à nos yeux nos multiples talents avec toutes ses facettes à faire fructifier.
Mais comment faire fructifier ses talents ? Un seul chemin fiable se présente à nous, à savoir développer la vie divine en nous afin que nos talents en portent la marque. C’est le don de la vie divine qui se traduit par la foi, l’espérance et la charité. Il s’agit pour nous de prendre des initiatives, d’être et de demeurer entreprenant, d’oser innover et de prendre des risques afin que la foi, l’espérance et la charité prennent de l’ampleur dans nos vies, déteignent sur l’ensemble de nos talents pour que tous les fruits qui en découlent soient chargés d’Amour. Chers frères et sœurs, demandons au cours de cette eucharistie la grâce de la découverte et de la fructification de nos talents à l’ombre de l’Amour divin pour l’avènement d’un monde meilleur. A Dieu, source et achèvement de tout talent, soit rendue toute la gloire maintenant et pour les siècles des siècles. Amen!