Homélie, 13e dimanche TO, le 2 juillet 2023

30 juin 2023

Accueil : Frères et sœurs, chers amis,

Réjouissons-nous, en ce jour du Seigneur, ce que signifie le mot dimanche (dies domini)

Que ce soit vraiment pour nous une journée consacrée au Seigneur, pas seulement, une heure de messe, c’est déjà magnifique, mais tout le jour consacré au Seigneur. Nous avons hérité des juifs, nos « frères ainés dans la foi », « nos frères préférés », allait jusqu’à dire St Jean-Paul II, à la synagogue de Rome, en 1986, le sens profond du shabbat. Que ce jour soit tellement le jour du Seigneur, qu’il soit un jour de fraternité entre nous, de charité et de solidarité, de repos, de ressourcement, de respect et de promotion de la création qui nous est confiée en héritage à transmettre, un véritable jour de salut

Entrons dans la spiritualité de ce jour, par la porte du pardon

Homélie : 2 R 4, 8-11. 14-16a ; Ps 88 ; Rm 6, 3-4. 8-11 ; Mt 10, 37-42

Chers amis,

Nous venons d’entendre l’Evangile, il résonne sûrement encore en nos cœurs,

peut-être le mot aimer, entendu 2 fois, sous forme d’appel : « Celui qui aime son père ou sa mère… ; celui qui aime son fils ou sa fille …. » ; peut-être le mot dignité, entendu 3 fois, sous forme interpellatrice : « …n’est pas digne de moi » ; peut-être le mot récompense, entendu 3 fois, sous forme d’assurance : «…. recevra une récompense » ; peut-être le mot accueillir, entendu 6 fois, comme le cœur de cet Evangile : « Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé » ; peut-être cette seule phrase, entendue une fois, mais d’une percussion immense : « Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi »

Chaque mot, sorti de la bouche de notre Seigneur, mériterait toute notre attention et, remis dans le contexte, nous donnerait l’occasion d’applications morales. Je préfère dans un 1er temps faire ressortir ce qui est transversal à cet Evangile, ce qui plus théologal que moral. L’amour, la dignité, l’accueil appartiennent à l’humanité toute entière et requièrent notre engagement moral de tous les instants, quelques soient les traditions humaines ou religieuses. Au milieu de toutes ces recommandations morales exigeantes de Jésus, à ses apôtres, une parole de Jésus se situe sur un autre registre : «  Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé ». Pourquoi Jésus n’a-t-il pas dit tout simplement : « Accueillez vous les uns les autres, soyez hospitaliers. Essayez et vous verrez qu’il y a du bonheur à accueillir ». Cette parole de Jésus est une véritable révélation, elle nous rappelle notre véritable condition d’homme, créé à l’image de Dieu. Quand Dieu a créé l’homme, il avait comme modèle le Christ : « Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature : en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre » Col 1, 15-16.  Notre condition humaine est une condition spécifique magnifique, au milieu de toutes ces galaxies, au sein de l’univers. Accueillir l’autre, c’est rencontrer une créature de Dieu, pensée, voulue, aimée de toute éternité, accomplissant sur cette terre un pèlerinage de la confiance, de l’amour, de la fraternité, de l’espérance, avant de rejoindre pour l’éternité la maison du Père ; c’est rencontrer le Créateur, dans le visage de la créature. Accueillir l’autre, baptisé, cad plongé dans l’amour de Dieu, sauvé par le sang du Christ, c’est rencontrer l’homme sauvé, réconcilié ; c’est rencontrer le Christ Sauveur, dans le visage de l’homme blessé, relevé. Accueillir l’autre, c’est notre Evangile, l’autre qui est apôtre cad envoyé de Dieu, c’est accueillir le Christ qui envoie en mission, à travers les ministères de l’Eglise. Accueillir le Christ, c’est accueillir le Père. En accueillant l’autre, je vis quelque chose qui me dépasse, je suis en lien avec le Père, le Fils, le Saint Esprit et toute sa création, j’accomplis mon baptême, ma confirmation, nourris de l’Eucharistie, le Pain de la vie.  Etonnante cette révélation : « Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé » qui nous invite à vivre notre existence de façon sacramentelle, le sacrement étant le signe visible et efficace de l’Invisible….. Quand je vois un homme, je vois mon Créateur ; quand je vois un baptisé, je vois mon Sauveur ; quand je vis l’accueil dans la réciprocité, je plonge toujours plus profondément dans mon baptême. Si ce qui nous constitue en humanité est notre dimension filiale et fraternelle, ce regard théologal m’invite à des engagements moraux :

Pourquoi tant de violences dans notre société ? Sommes-nous vraiment des frères-amis, des frères-ennemis de la violence ! Suite au décès de Nahel qui a entrainé des vagues de violences dans plusieurs villes de France, comment ne pas s’interroger ? S’agit-il d’une bavure policière (à vérifier par la justice), s’agit-il de la révélation de problèmes profonds, d’injustices structurelles, dans notre société françaises et dans le monde ? S’agit-il de politisation ? Suffit-il d’augmenter la sécurité publique ! Que de défis à relever ! Pourquoi ne pas s’accueillir en entretenant des relations basées sur la justice, le respect, 1ère forme de l’amour ! Comment vivre ensemble ? Comment s’accueillir ?

Notre paroisse est une école, à la manière de Jésus pour s’accueillir mutuellement, pour s’ouvrir aux autres, au nom de Jésus. Chers amis, je voudrais lancer un appel à de nouveaux bénévoles sur notre paroisse pour un accueil particulier, tellement précieux pour les familles. C’est une œuvre spirituelle, c’est une œuvre sociale. Je cherche des accompagnateurs de familles en deuil, au moins 4. Nos 4 équipes ont besoin d’une personne supplémentaire, soit pour écouter, soit pour chanter l’espérance, soit pour le service de la sacristie. Servir, exercer la compassion au nom de Jésus, accompagner, quelle belle vocation-mission. Un jour, si nous n’arrivons pas à renouveler nos équipes, nous ferons peut-être comme dans beaucoup de pays d’Afrique : les familles enterrent leurs morts et quand le prêtre passe, on fait une célébration. Actuellement, nos 4 équipes font un travail extraordinaire, elles ne sont pas plus disponibles que vous ou mois, mais elles se rendent disponibles. Je salue leur engagement évangélique. Mais, elles appellent à l’aide. Dans un avenir proche, saurons-nous accueillir les familles endeuillées ?

Chers amis, depuis les débuts de l’Ecriture, Dieu ne cesse de nous dire qu’en accueillant tels visiteurs, des accueillants ont accueilli des envoyés de Dieu, pensons au fameux épisode d’Abraham au chêne de Mambré, épisode qui a servi d’inspiration à l’icône renommée de la Trinité de Roublev. « Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé ».

AMEN ALLELUIA MARANATHA