A l’occasion de ses 60 ans de vie religieuse, sœur Marie-José VERRIER nous fait la joie de partager les moments forts de toutes ses années !
Jean-Louis : Comment avez-vous eu l’appel de la vie religieuse ?
Sœur Marie-José : Depuis mon enfance, j’ai été engagée dans des mouvements d’action catholique. Lors d’un camp avec des jeunes et notamment une sœur Marianite, sœur Huguette. Celle-ci m’a posé une question : « N’as-tu jamais pensé à être religieuse ? » Et bien non, je pensais plutôt me marier et avoir des enfants. Mais cette question a continué à me poursuivre et après un an de cheminement, je suis rentrée dans la Congrégation des sœurs Marianites du Mans le 8 septembre 1964.
JL : Comment votre famille a-t-elle réagi à votre choix de devenir religieuse?
Sr Marie-José : Je n’avais plus que ma mère et mon frère. Maman était une personne qui avait une grande foi et qui pratiquait beaucoup. Quand je lui annonce ça elle m’a dit : « Tu as une situation, tu as une voiture et tu vas te faire religieuse ? » Donc au début, elle n’était pas contente mais ensuite elle a bien accepté. Mon frère, engagé dans la marine, est resté indifférent.
JL : Comment avez-vous vécu votre entrée au postulat?
Sr Marie-José : J’ai connu des moments difficiles. Car j’étais institutrice en maternelle de 1960 à 1964 et d’un seul coup j’ai été coupée du monde. C’était ainsi à cette époque-là. À chaque fois que je voyais des petits dans la chapelle, je pleurais. Un autre détail : je suis entrée en même temps qu’une amie, sœur Marie-Andrée et nous devions nous vouvoyer. Pas facile !
JL : Et vous avez persévéré ?
Sr Marie-José : Je pense que j’avais vraiment la vocation et que c’était là que Dieu m’appelait !
JL : Quelle a été votre plus grande souffrance?
Sr Marie-José : Mon frère, Georges vivait en solidarité avec les « paumés » dans un quartier de Paris. A 48 ans, il a été assassiné dans la rue en 1988. J’avais demandé au prêtre de la paroisse à Paris, une célébration avec les « paumés ». Il a refusé car « c’est la porte ouverte à tout… » a-t-il dit. Cette réponse doit rester une exception, je l’espère. Ce fut une très grande souffrance pour moi.
JL : Quelles ont été vos plus grandes joies ?
Sr Marie-José : J’ai trouvé beaucoup de joie dans les différentes missions que j’ai remplies. D’abord mon travail en IMpro, de 1970 à 1985 avec des jeunes en difficulté de 14 à 20 ans à Andouillé. Donc joie de les voir grandir et s’insérer dans la société. Ensuite, mes cinq années passées au Québec, pour mon propre ressourcement et la formation à l’accompagnement. Puis ensuite, intégrée au sein d’une équipe où régnaient, une très grande confiance, un respect mutuel, l’amour de chacun et le souci que tout être humain puisse retrouver son CHEMIN DE VIE. Joie de vivre et d’être engagée au sein de la paroisse saint Matthieu. Joie de découvrir les richesses des personnes en situation de pauvreté à travers le Secours Catholique.
JL : Quels ont été vos engagements dans la congrégation ?
Sr Marie-José : J’ai été élue assistante générale pour participer au Conseil Général de la Congrégation, avec la supérieure générale et 2 autres assistantes. Ce qui m’a permis de découvrir différentes cultures au cours des visites : Inde, Canada, États-Unis et Haïti. Ma mission était de bâtir un projet selon les besoins inhérents à chaque population et de voir les différentes possibilités de notre insertion sur place. Puis, j’ai été responsable de la formation des jeunes filles désirant entrer dans la congrégation.
JL : Sœur Marie-José, aujourd’hui, quelles sont vos principales activités au sein de la paroisse ?
Sr Marie-José Je suis implantée depuis de nombreuses années sur la paroisse. J’ai le privilège de côtoyer, de connaître des croyants et des incroyants. Toujours en lien avec un prêtre référent, j’ai pu coordonner les différents services dans la paroisse et être proche des personnes.
C’est une grâce de pouvoir donner mais aussi de recevoir et partager les dons de chacun dans le respect de tous. C’est ma façon d’être missionnaire au cœur du monde. Aujourd’hui, mes différents engagements se répartissent entre l’équipe pastorale, les équipes liturgiques, les sépultures, la coordination de l’éveil à la foi. J’aime beaucoup les relations avec les personnes qui sont engagées.
JL : Et au niveau du diocèse?
Sr Marie-José Je suis mandatée par le diocèse pour faire de l’accompagnement humain et spirituel pour environ 18 personnes de 30 à 70 ans. Je prie beaucoup l’Esprit Saint afin qu’il m’inspire ses paroles et m’ouvre à toutes les joies et les peines des personnes accompagnées.
C’est une joie pour moi de voir les chemins de vie et de foi parcourus par chaque personne.
JL : Comment votre foi a-t-elle évolué au fil du temps ?
Sr Marie-José : Ma vie de foi a été nourrie par toutes les expériences vécues dans les différentes missions et la rencontre des gens toujours en lien avec l’Évangile et en référence à la parole de St Jean « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ». J’essaie de voir dans chaque personne la présence du Christ.
A travers toutes les rencontres de personnes vivant des situations difficiles, j’ai appris à avoir un regard de miséricorde, de compassion et surtout de non jugement.
Ma vie de foi est nourrie par ma vie de relation au cœur d’un peuple croyant (au travers de témoignages de foi de personnes accompagnées) et incroyant. Elle est nourrie aussi par la prière quotidienne : les laudes, les vêpres et les complies, méditation de la Parole le matin et la prière d’Alliance le soir. J’aime prier devant l’icône « Le Christ et son ami », présente lors de mes rencontres d’accompagnement.
Tous les matins je dis la prière au bienheureux Basile Moreau notre fondateur qui me donne un élan pour la journée, «…. Tu as constamment témoigné de l’intégrité et de la justice souvent au prix de grands sacrifices personnels, fais que mes paroles et mes actes soient le reflet de la force du Christ…. »
Les lectures spirituelles m’apportent également beaucoup comme par exemple « la Sagesse d’un pauvre » de Eloi LECLERC – « La source que je cherche » de Lytta BASSET – « Toute cette foule dans notre cœur « de Raphaël BUYSE
JL: : Quels sont vos passages bibliques préférés ?
Sr Marie-José :Deutéronome 30, 19 : « Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance »
Jean 14 : 6 « Je suis le chemin, et la vérité, et vie »
1ère épitre de Jean 4, 11 – 16 « Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection. Voici comment nous reconnaissons que nous demeurons en lui et lui en nous : il nous a donné part à son Esprit. Quant à nous, nous avons vu et nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. Et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. »
JL : Comment voyez-vous l’avenir ?
Sr Marie-José Si Dieu me donne la santé, parce que c’est important aussi, je peux continuer à rendre différents services dans la paroisse et ma famille religieuse.
Vivant seule, je suis en lien avec des personnes laïques avec lesquelles, dans une très grande confiance, je partage ma vie humaine et spirituelle. C’est vraiment un apport très important. C’est essentiel pour moi.
JL : Vraiment, un grand merci sœur Marie José d’avoir bien voulu répondre à toutes ces questions et de nous avoir partagé toutes ces années de vie religieuse comme un cheminement de foi et d’amour pour le prochain, nourri par la prière, l’Évangile et toutes les diverses rencontres qui ont tissé votre vie.
Ses dates clés
- 1941 Naissance à Linières Bouton (49)
- 1943 Exode vers Avrillé les Ponceaux (Indre et Loire)
- 1960 Institutrice en maternelle
- 1964 entre dans la congrégation
- « Marianite de Ste Croix » au Mans
- postulat, noviciat et études
- 1970 Educatrice IMPro à Andouillé
- 1985 Elue Assistante générale
- 1989 Séjour au Québec
- 1994 Responsable formation des jeunes
- 1996 Au service de la paroisse et du diocèse
Repères :
La Congrégation des Marianites de Sainte-Croix a été fondée au Mans en 1841 par le Père Basile Moreau. Le 4 août 1841, les quatre premières sœurs reçoivent l’habit religieux. L’institut a reçu son approbation définitive par le Saint-Siège le 28 octobre 1885. Leur mission, dynamisée par la vie communautaire, est d’incarner l’amour et la compassion de Jésus-Christ. Les sœurs se consacrent à l’enseignement, aux soins des malades à domicile et à la lutte contre l’exclusion sociale. Elles sont présentes en France, au Canada, aux États-Unis et au Burkina-Faso.
J’aime prier devant l’icône « Le Christ et son ami », présente lors de mes rencontres d’accompagnement.