Après d’amples travaux, la petite église de Moulay retrouve sa beauté et reprend vie !
Deux mariages y ont été célébrés cet été et un baptême dernièrement.
Cette église est dédiée à St Martin (316-397), et il a dans le chœur, une place de choix !
En haut du ciborium trône une sculpture en bois représentant sa tête.
Deux peintures sur l’autel ancien et 2 vitraux présentent 4 scènes de sa vie.
Le livre « Vie de St Martin » de Sulpice Sévère, IVe s, permet de comprendre quels évènements de sa vie sont ici représentés.
Au pied de l’autel ancien, au fond du chœur :
A gauche : La scène très connue de la charité de Martin.
Affecté en Gaule, à Amiens, un soir de l’hiver 334 alors qu’il était encore légionnaire de l’armée romaine, Martin partage son manteau militaire (la chlamyde faite d’une pièce de laine rectangulaire) avec un déshérité transi de froid, car il n’a déjà plus de solde après avoir généreusement distribué son argent. Il ne donne que la moitié de son manteau car celui-ci fait partie de l’équipement du soldat romain et appartient pour moitié à l’empereur, et pour moitié au soldat. La nuit suivante le Christ lui apparaît en songe vêtu de ce même pan de manteau lui déclarant qu’en revêtant le pauvre, Martin l’avait vêtu Lui-même*. Il a alors 18 ans. (Sulpice SÉVÈRE, vie de St Martin)
* Cf « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait » Mt 25, 40
A droite : Départ de St Martin, en Pannonie.
Converti au christianisme, Martin quitte l’armée en 356 et se met au service de saint Hilaire, évêque de Poitiers, qui le forme.
Devenu moine, St Martin reçoit un songe dans la nuit qui le somme de rendre visite à ses parents, toujours païens, en Pannonie (Hongrie) où d’ailleurs, il convertira sa mère.
St Hilaire, à gauche, prodigue son affection, « ses prières et ses larmes » à St Martin qu’il enjoint de revenir. St Martin entreprend « ce lointain voyage après avoir assuré à ses frères qu’il y subirait bien des épreuves : et la suite des événements justifia ses paroles »
(Sulpice SÉVÈRE, vie de St Martin)
Les 3 vitraux du chœur :
A gauche : Deuxième charité de St Martin.
Alors qu’il s’apprêtait à célébrer la messe, St Martin est dérangé par un pauvre venant réclamer un vêtement chaud, il échange alors ses vêtements avec ceux du pauvre avant de revêtir les habits sacerdotaux. Durant la messe un globe de feu apparaît au-dessus de sa tête remarqué par quelques personnes. Le pain et le vin, qu’il offrait pour le Saint Sacrifice étaient pétri et vinifié dans son attention et sa sollicitude pour les pauvres, et le Christ le lui rendait par un accroissement de sa charité. La manifestation d’un globe de feu au-dessus de sa tête alors qu’il élevait l’hostie révèle que sa charité enracinée dans l’eucharistie devient flamboyante. Il célébrait ce qu’il vivait, il vivait ce qu’il célébrait.
On l’appelle la deuxième charité de St Martin, la première étant le partage de son manteau à un pauvre. Avec les pauvres ou avec Dieu, St Martin brûle toujours du feu de la charité.
A droite : Mort de St Martin, à Candes, en 397.
Devant les pleurs de ses frères, il répond par ces simples mots : « Seigneur, si je suis encore nécessaire à ton peuple, je ne me dérobe point à la peine : que ta volonté soit faite ».
« Des assistants ont attesté qu’ils avaient vu son visage comme le visage d’un ange,…..ses membres blancs comme neige, ….son aspect était tel qu’il semblait se manifester en quelque sorte dans la gloire de la résurrection future et dans la nature d’une chair transfigurée »
(Sulpice SÉVÈRE, vie de St Martin, IVe s).
Au milieu :
Cette croix, signe par excellence de l’amour sauveur de Dieu, est une croix de procession qui conduit vers la vie éternelle, à condition de vivre des 3 vertus théologales que sont la foi, l’espérance, et la charité si chère à St Martin.
L’ajout « Primat des gaules », en bas du vitrail, rappelle que, dans l’antiquité romaine, Moulay appartenait à la gaule lyonnaise.
Ces 3 vitraux ont été réalisés par Auguste Alleaume (1854-1940), peintre verrier lavallois, sollicité en 1937 par le curé de Moulay, Jean-Baptiste Piron.
Ce sera la dernière œuvre d’Auguste Alleaume, il avait alors 84 ans (1938).
On peut remarquer ici avec quelle prouesse technique, les traverses métalliques de soutien, ne coupent jamais les visages mais contournent les têtes avec délicatesse.
Auguste Alleaume (1854-1940) est considéré comme l’un des peintres-verriers les plus talentueux de sa génération. Originaire d’Angers, formé à Paris auprès de Lusson et de Leprévost, il multiplie les collaborations auprès de divers ateliers avant de se fixer en 1893 à Laval. Attaché à une conception exigeante de son métier et à l’excellence de ses réalisations, il organise son atelier autour d’une main-d’œuvre réduite et associe ses frères, le peintre Ludovic Alleaume et le monteur-coupeur Paul Alleaume.
Son œuvre, concentrée autour du département de la Mayenne, s’étend grâce à sa notoriété et à ses réseaux jusqu’en Île de France, en Loraine et en Alsace.
Héritier d’une approche historiciste du vitrail, il s’ouvre aussi aux courants modernes, comme l’art nouveau. Cette inflexion, très sensible dans sa production civile, se manifeste aussi dans son œuvre religieuse, où il déploie, avec une égale virtuosité, sa science du dessin et de la couleur. (4ème de couverture du livre Auguste Alleaume, peintre-verrier, éditions 303)
Une messe a été célébrée en l’église de Moulay le 26 octobre dernier pour marquer sa réouverture au culte, en lien aussi avec la fête des marrons. L’assemblée était nombreuse et il en émanait une joie presque palpable.
Père Pierre-Marie invitait les croyants de Moulay à reconstituer une petite communauté qui prenne l’habitude de se rencontrer pour prier, pour partager sur la Parole et/ou pour vivre des temps fraternels, pour que vive un petit noyau d’Eglise à Moulay, pour que reprennent vie non seulement les pierres de l’édifice, mais aussi les pierres vivantes de l’Eglise. Il pourrait alors être envisagé de célébrer une messe de temps à autre en l’église de Moulay comme ce samedi d’octobre.