Chers frères et sœurs, chers amis, en ce deuxième dimanche de l’Avent, vous avez remarqué combien l’Évangile selon saint Luc insiste sur le contexte historique de son message, comme pour nous dire : « ce que j’écris est véridique, ce n’est pas une fable, c’est du vrai de vrai ». 

                       Saint Luc met au-devant de la scène tous les personnages politiques et religieux du moment : L’empereur romain Tibère, son représentant en Judée Ponce Pilate, Hérode prince de Galilée et d’autres petits rois. Il cite également les autorités religieuses Hanne et Caïphe.

                    Face à ces personnages prestigieux, nous avons un homme tout simple, un prophète : il s’appelle Jean (Jean le Baptiste), le dernier des prophètes, mais le plus grand. Il ne vit pas dans les palais ou dans le temple, mais dans le désert. C’est là que la Parole de Dieu lui est adressée.

                    Oui, c’est important pour chacun de nous aujourd’hui ; à la manière de Jean le Baptiste, nous sommes tous invités au désert pour entendre ce que Dieu a à nous dire aujourd’hui. C’est ainsi que nous allons vers Noël, que nous préparons le chemin du Seigneur. Le désert dont Dieu nous parle, il est en chacun de nous. Le désert est synonyme de silence. Aller au désert, c’est trouver le silence.

                    Nous vivons dans une société où le bruit nous envahit de tous côtés. Et pourtant, le silence est absolument essentiel. Emportés les uns et les autres dans le tourbillon de la vie, il nous faut faire des moments de désert si nous voulons rester des hommes et des femmes d’intériorité, si nous voulons simplement rester des croyants. C’est dans le silence que nous commençons à entendre ; Dieu ne demande qu’à parler au cœur de chacun.

                   Ce désert dont parle saint Luc nous renvoie également à celui que nous subissons (c’est le côté sombre du désert). Le désert de la pandémie que nous avons vécu et qui est toujours d’actualité)… le désert terrible de la maladie   … le désert brûlant de la mort… le désert glacial de la solitude… le désert aride de l’échec professionnel ou du chômage… le désert de tous les abus dans l’Église (abus d’autorité, de conscience et sexuel). C’est dans ces déserts que les paroles de Jean le Baptiste proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés nous rejoignent : « Préparez le chemin du Seigneur… Rendez droits ses sentiers ! Tout ravin sera comblé… ».

                   Cette conversion  pour le pardon des péchés est offerte à tous. Ce n’est pas d’abord un passage du vice à la vertu, c’est vraiment un changement de toute notre vie, surtout un passage du fatalisme à l’espérance, du doute à la foi, du repli sur soi à l’ouverture. Il nous faut combler les ravins de nos rejets et de nos peurs de l’autre, abaisser  les montagnes de nos préjugés et de nos aprioris, il nous faut aplanir les sentiers de nos égoïsmes personnels et collectifs, de notre orgueil et de notre suffisance, redresser les chemins tortueux de nos mensonges, de nos lâchetés, de nos critiques incessantes, aplanir les chemins rocailleux de nos violences, de nos haines, de nos jugements préemptoirs. Tout cela doit disparaître dans le temps de l’Avent pour pouvoir voir, dans l’enfant qui naît à Noël, la Justice et la Gloire de Dieu, son amour et sa miséricorde.

                    L’espérance chrétienne ? C’est voir, regarder, non seulement avec ses yeux à soi, mais avec le regard de Dieu ; c’est croire que Dieu est à l’œuvre même quand tout va mal, il est là. Tout semblait fini pour Jérusalem au temps du prophète Baruc… Voici que le Seigneur lui inspire la Parole que nous avons entendue tout à l’heure. Dieu agit dans le cœur des hommes. Nous en avons des signes dans les gestes de dévouement et de solidarité des uns et des autres (nous en avons un bel exemple dans la restauration de Notre-Dame de Paris), et dans la vie ordinaire. Dieu est là et son amour est plus fort que la haine.

                    Saint Paul dans sa Lettre aux Philippiens nous dit précisément que ce salut de tous les hommes est réalisé en Jésus-Christ : c’est l’œuvre de Dieu et nous y sommes associés. Ce qui nous est demandé, ce n’est pas de travailler « pour » le Seigneur, mais de travailler à l’œuvre « du » Seigneur. Le principal travail, c ‘est Lui qui le fait dans le cœur de chacun et il veut nous y associer tous. Aujourd’hui la Parole de Dieu est adressée à chacun et chacune d’entre nous. Frères et sœurs bien-aimés, tout au long de cette deuxième semaine de l’Avent, ouvrons les yeux pour voir la venue du Christ dans nos vies et regarder le monde d’une manière différente. AMEN.

Père Jean-Claude DUCLOS