Le prophète Isaïe vient de nous adresser des paroles de consolation de la part du Seigneur. Qu’elles nous font du bien en ce début de vacances, à la fin d’une année traversée par la joie de beaux événements ou bien marquée par des épisodes douloureux. Chers frères et sœurs en Christ, qu’il nous est bon d’entendre de telles paroles ce matin. Elles nous invitent à la joie pour tant de grâces reçues ou bien à laisser retentir en nous ces paroles de consolation : « De même qu’une mère console son enfant, moi-même, je vous consolerai, dans Jérusalem, vous serez consolez ». C’est sur cet arrière fond de miséricorde et de joie que nous devons accueillir l’Évangile d’aujourd’hui.

             Dans cette page d’évangile, le Seigneur nous convoque pour la mission. Nous apprenons que l’envoi missionnaire n’est pas réservé à un groupe restreint, le groupe des Douze : le noyau de base, ses premiers et proches collaborateurs. Mais Jésus choisit encore 72 personnes : le chiffre symbolique des 72 annonce la totalité des nations païennes au temps de Jésus ; nous dirions aujourd’hui des laïcs parmi ceux et celles qui ont déjà accueilli son message et qui lui font confiance. C’est nous, les 72 disciples d’aujourd’hui auxquels Jésus s’adresse, en envoyant les premiers 72 disciples qui seront les précurseurs de milliers et de milliers d’autres dont nous sommes. Ce sont donc tous les chrétiens et chrétiennes qui ont la mission de répandre le message de Jésus.

             Jésus nous invite à voir la mission qu’il nous confie comme une moisson. Il nous laisse entendre que la moisson à faire est abondante, qu’il manque du monde pour y travailler, qu’il en faudrait beaucoup plus, qu’il faut prier pour que plus de monde soit envoyé à la moisson. Il faut prier, non pas réciter des prières, mais cultiver le contact et l’intimité avec le Seigneur. Non seulement le disciple doit agir en fonction des dons qu’il a reçus, mais comme dit saint Paul : « Celui qui plante n’est rien, celui qui arrose n’est rien ! Dieu seul compte : c’est Lui qui fait croître ». Dès lors, les disciples n’ont pas à tirer vanité de leur réussite, ni à se lamenter de leurs échecs.

             Les 72 ont été envoyés deux par deux. Ce ne sont pas des individus isolés que Jésus a appelés. Ils sont désignés et envoyés deux par deux pour être des témoins. Etre envoyé deux par deux, c’est découvrir et prendre en compte l’autre qui est différent de soi, c’est faire les premières armes avec les rudiments de la vie communautaire : c’est faire une expérience d’Église. C’est pouvoir communiquer, parler du chemin parcouru, des personnes rencontrées, des événements vécus au point d’y reconnaître la présence de Jésus.

              Une belle image vient illustrer l’attitude missionnaire souhaitée : « Jésus envoie les 72 disciples comme des agneaux au milieu des loups ». C’est dire combien la partie est inégale, qu’il y a pour eux, pour nous, de quoi avoir peur. Le missionnaire est toujours en position de fragilité. La Bonne Nouvelle peut être rejetée, et les envoyés mal accueillis, les disciples n’ont pas pour autant mission de forcer, ni d’imposer, ni d’embrigader ; le message de l’Évangile, la foi au Christ, sont présentés et offerts à la liberté de chacun. Démunis comme un agneau devant un loup, Jésus insiste même sur ce dénuement qu’il établit comme consigne. « N’emportez ni argent, ni sac, si sandales... ». Son envoyé devra être un amant de la pauvreté, comme Lui, l’Agneau de Dieu dont parlait Jean le Baptiste.

             Le moyen que le Seigneur préconise et qu’il nous impose, c’est de venir à bout de la dureté, de la violence, de l’orgueil et de l’égoïsme par son contraire : la douceur et le don de soi. C’est comme cela que Jésus s’est manifesté passant partout en faisant le bien « il s’est anéanti lui-même… juqu’à mourir sur une croix ». Jésus nous appelle donc à semer la paix autour de nous : « Dites paix à cette maison ». 

             Nous n’avons rien d’autre à offrir sinon la paix que nous recevons de Dieu. Lorsque nous quittons l’église après la messe, nous n’avons rien d’autre que la paix du Christ à emporter avec nous. D’ailleurs Jésus nous donne la clé de toutes ces initiatives sur le chemin de l’annonce de la Bonne Nouvelle, dites aux habitants : « le règne de Dieu est tout proche de vous ». Dieu n’est pas étranger à notre vie, il se fait proche, il est présent à tout ce que nous faisons et désirons : il se penche vers nous comme un Père plein d’attention et de tendresse.

                  Dieu veut nous apprendre le langage de l’amour. Savoir reconnaître en l’autre un frère, une sœur à aimer, à connaître, à comprendre. C’est un peu l’expérience que nous pouvons faire lorsque nous sommes en vacances. Profitons de ce temps pour faire de nouvelles rencontres qui nous enrichissent. Essayons d’avoir moins d’aprioris pour ne pas nous priver de belles rencontres. Aidons les enfants et les jeunes à ne pas avoir peur de l’autre, mais au contraire à avoir le goût de rencontrer l’autre : chacun recèle en lui un trésor qu’il me faut découvrir. Demandons cette grâce à Dieu en cette eucharistie de devenir apôtre de sa paix ! AMEN.

Père Jean-Claude Duclos