Pour comprendre, je vous invite à penser à un reflet. Imaginez-vous devant un miroir, une personne s’approche derrière vous et vous regarde en regardant le miroir. Elle ne vous regarde pas directement, mais, dans le miroir, elle voit votre reflet et vous, vous voyez son reflet dans le miroir. Et qu’est-ce que vous voyez dans ce miroir ? Cette personne qui regarde votre reflet et par conséquent vous regarde. C’est cela quand on dit qu’une icône nous regarde, ce n’est pas la matière qui nous regarde, mais l’icône c’est un reflet dans lequel se reflète le regard de Dieu qui vous regarde.
Une icône, ce n’est donc pas une peinture, un tableau comme on peut en avoir tant et tant de magnifiques dans cette église. Cette icône, ces deux icônes (pour être plus précis) sont un miroir dans lequel, dans lesquelles, le ciel se reflète, le ciel se donne à voir. Nous ne sommes pas habitués en tant qu’occidentaux à cette manière de vivre une icône, mais c’est au cœur de la Tradition de nos frères d’orient. Si j’ai béni cette icône, c’est pour que nous comprenions bien que, chaque fois que nous la regardons, nous avons la chance de voir un reflet de Dieu. Un reflet de Dieu qui se reflète sur les visages de Pierre et Paul comme le soleil, à sa manière, se reflète sur le visage de la vie. Si vous vous demandez comment Dieu me regarde, regardez cette icône et vous verrez le beau visage de Dieu vous regarder. Prendre le plaisir de vous regarder. Non seulement il nous est donné de percevoir le visage de Dieu mais plus encore de recevoir la grâce de Dieu car, que se passe- t-il quand un soleil se reflète dans un miroir ? non seulement cela vous renvoie l’image mais aussi la chaleur, le rayonnement de ce soleil. On sait aussi qu’avec un morceau du verre de ce miroir, on peut allumer un feu, en reflétant le soleil.
Une icône, non seulement elle nous renvoie le reflet de Dieu, mais elle nous renvoie aussi la grâce de Dieu, l’énergie solaire de Dieu, si vous me permettez cette expression rapide ou, si vous voulez, le rayonnement. Dans une icône, non seulement je perçois le visage de Dieu, mais je reçois aussi le rayonnement de Dieu, sa grâce qui me transforme, qui me réchauffe, qui me console, qui me réconforte, qui m’encourage, qui met en lumière ce que je dois changer dans ma vie. Désormais, quand nous rentrerons dans cette église, que nous verrons ces icônes, nous dirons que ce sont des images au sens fort de reflet qui me donne de percevoir le visage de Dieu et de recevoir son rayonnement. Et ce faisant, nous comprendrons mieux ce que veut dire : « l’homme est à l’image de Dieu » comme nous l’avons chanté au début de cette messe. Dans notre vocabulaire, quand nous disons image, nous pensons tableau ou photocopie, quand nous parlons image dans l’église, nous disons que l’image s’est imprimée en nous.
Pour une icône, c’est un reflet et, pour nous, c’est comme une empreinte avec lequel l’empreinte de notre pouce dans la pâte à modeler, ou dans l’argile qui va durcir. Nous ne sommes pas une photocopie pour Dieu. Dieu y a laissé son empreinte, c’est pourquoi on peut dire Dieu a mis sa propre empreinte, dans notre corps, dans notre cœur, dans notre mémoire, dans notre intelligence de telle sorte que, ce que nous sommes, fonctionne de la même manière que Dieu.
Cela était vrai avant le péché originel. Car le péché originel a été comme une opération de chirurgie esthétique qui a mal tournée. Nous voulions être plus beaux qu’avant et nous en sommes sortis défigurés. Ce qui fait que parfois notre manière, de penser, d’aimer, d’agir ne ressemble pas du tout ou pas suffisamment à la manière de faire de Dieu. Parce que nous avons été défigurés, nous n’avons plus de modèle sous les yeux qui soit le modèle original et originel, alors nous buggons, nous nous prenons les pieds dans le tapis. Et quand l’eau du baptême vient sur nous, Dieu vient en nous pour corriger ce qui a été défiguré, nous redonner une authentique ressemblance à Dieu de telle sorte que nous savons que notre manière de faire a le goût de Dieu. C’est important que, dans notre vie chrétienne, nous ayons des moments où nous contemplons Dieu comme une icône. C’est important de repérer les moments où dans notre corps, notre cœur, notre intelligence, nous a dit quelque chose de Dieu de sa manière de faire, de son fonctionnement, repérer les moments où cela s’incarne dans notre vie. Vous ne vouliez pas rendre service, non pas parce que vous êtes égoïstes, mais parce qu’à ce moment-là vous aviez besoin qu’on prenne soin de vous.et vous avez trouvé de l’énergie et vous avez été à l’image de Jésus où la veille de sa mort, il avait besoin d’être réconforté et qui a trouvé l’énergie de laver les pieds de ses disciples.
Il y a plein de moments puissions-nous entendre Jésus nous dire « suis-moi » et pour cela regarde comment j’ai fait, regarde ce que les icônes disent de moi, regarde ce que ton cœur dit de moi et si tu me suis, tu auras la joie d’aimer authentiquement et la joie d’être aimé pour ce que tu es, en profondeur, image et empreinte de Dieu.
Père Frédéric Foucher
