« Aussitôt sortis de la synagogue, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, chez Simon et André. »  C’est le jour du sabbat, Jésus vient de participer à l’assemblée de prière, et, à la sortie de la synagogue, Jésus décide d’aller chez Simon et André avec ses compagnons Jacques et Jean. On pourrait penser, pour nous, à une sortie de messe. Puis, nous allons en famille, ou rendre visite à quelqu’un, ou porter la communion à une personne malade ou âgée.

La synagogue, l’église pour nous, est un lieu de rencontre privilégiée avec Dieu, pour écouter, méditer, prier sa Parole, mais nous ne sommes pas faits pour y rester. Jésus opère des déplacements multiples. Il passe du lieu de l’assemblée en prière à l’espace public, aux portes des villes et villages ou dans l’espace privé, les lieux d’habitation des personnes qu’il visite avec compassion : celle de la tendresse de Dieu. Jésus va à la rencontre de l’humanité souf­frante : « il se rend près de la belle-mère de Simon qui est malade. » Il passe ainsi de la prière à la maison, pour être proche des malades, les aimer jusqu’à les relever de leur mal, de leur souffrance.

Nous pouvons aussi repérer dans ce passage d’évangile l’entourage des malades : arrivés à la maison de Simon et d’André, on parla à Jésus de la malade… ou encore, le soir, on amena à Jésus tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons.

Ainsi, Jésus n’agit jamais seul, mais pose un geste, un regard ou adresse une parole de délivrance en réponse à une démarche des malades ou de leur entourage.   Combien de fois dans l’Evangile voyons-nous des personnes servir d’intermédiaires entre les malades et Jésus !

Jésus prend soin avec ses disciples, et avec tous ceux qui sont proches des malades. Il y a là un appel pour chacun d’entre ­nous.

Prendre soin, à la manière de Jésus, commence par notre attention à l’autre, par cette pré-dis­position du cœur qui nous rend sensibles à ce qui lui fait mal. Jésus attend de nous que nous entrions en compassion : être avec ceux qui sont dans la souffrance. Et dans notre prière, on peut reprendre ce que dit l’évangile : « on parle à Jésus de la malade. »   

Souvent, nous prions dans le secret de nos cœurs pour un malade de notre famille, de notre entourage, de notre quartier, de notre paroisse.

Nous voyons « Jésus qui s’approche ». Prendre soin, c’est réduire la distance, c’est avoir le geste qui convient. Jésus saisit la main de la belle-mère de Pierre et « la fit se lever ».

Le Christ nous fait comprendre -en prenant soin, en prenant la main et en permettant à la belle-mère de Pierre de se lever-, que le verbe ‘se lever’ se rapproche du verbe ‘ressusciter’.  Cela veut dire que le Christ nous veut debout et en marche, disponibles pour servir et aimer.

Ce jour-là, Jésus fit cette rencontre dans une maison de Palestine. C’est ce que font aujourd’hui celles et ceux qui visitent et accompagnent les malades : depuis le Service d’aumônerie pour les Malades, dans un hôpital ou une maison de retraite, jusqu’aux solidarités de voisinage pour aller à la rencontre de telles ou telles personnes chez elles. Merci à celles et ceux qui assurent ce service… et le vivre, c’est vivre l’évangile en actes. Par des actes d’amour, l’évangile n’est pas loin !

Pour vivre ce service de proximité, contemplons Jésus lorsqu’il se retire pour prier. Se ressourcer dans la prière, c’est laisser l’Esprit de Dieu venir en nous pour accomplir avec cœur une visite, un service, une aide ou un accompagnement… ou encore l’Esprit du Seigneur vient en nous pour purifier nos services à vivre humblement, sans rien attendre en retour, sans rechercher aucun avantage, nous a dit l’apôtre Paul dans la seconde lecture. L’essentiel est de vivre l’évangile car « malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile » dit encore St Paul.

Chaque dimanche et chaque jour dans notre prière, nous avons rendez-vous avec le Maître de la Vie. C’est en partie pour cela que les disciples de Jésus disent : « Tout le monde te cherche » car le passage de Jésus sur les chemins de Galilée ne laisse personne indifférent. Dans les moments les plus sombres, dans les nuits de découragements et de souffrances, supplions, comme Job, le Maître de la vie : il entend notre cri, il entend celui qui croit en lui, espère en lui.

Dimanche prochain, 11 février, sera la journée mondiale de prière pour les malades et le dimanche de la santé.  Dès à présent, nous pouvons nous tourner vers Marie, tendresse des pauvres, consolatrice des malades, pour lui redire notre prière qui porte nos peines et nos souffrances, mais aussi et nos joies d’espérer en Celui qui relève, ressuscite.

Père Gérard Poirier