Frères et sœurs, ce dimanche 3 décembre, c’est le nouvel an liturgique, nous inaugurons ce temps liturgique de l’année B par le premier dimanche de l’Avent. L’Évangile et la liturgie ne disent pas « Le Seigneur reviendra », mais « le Seigneur vient » ;  car il ne s’agit pas d’un retour, comme s’il était parti, comme s’il était absent. Ne nous a-t-il pas assuré à la fin de l’Évangile : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde », Saint Jean 28 / 20.

Jésus est donc Celui qui, chaque jour, vient vers nous, vient à notre rencontre ; il n’a jamais fini de venir, car il ne se lasse pas d’aller à la recherche de l’homme, même quand celui-ci le fuit ou l’ignore. Et chaque fois, son avènement constitue un événement particulier, car en venant, il fait toutes choses nouvelles : il éveille ce qui est endormi, purifie ce qui est souillé, vivifie ce qui est mort.

« Nous, tous semblables à des hommes souillés… » dit le prophète Isaïe. « Nous étions tous desséchés comme des feuilles… Nul ne se réveillait pour recourir à toi » : c’est dans cette humanité souillée, abrutie, moribonde que le Seigneur vient, non pas pour replâtrer des murs croulants, ni pour apposer quelque baume sur les blessures, ni pour distribuer quelque parole de consolation, mais pour recréer : « Nous sommes l’argile et tu es le potier » poursuit Isaïe en ouvrant l’espérance d’une reprise par le Seigneur de son ouvrage, d’une restauration par le Créateur de sa créature abîmée.

Jésus est ce potier qui vient tout refaire à neuf ; d’une masse informe de glaise, il est capable de confectionner de beaux vases. Tout comme le Créateur, au premier jour, met de l’ordre dans le chaos initial : le Rédempteur, au dernier jour, et nous y sommes, fait du neuf dans le chaos du péché. Le dernier mot de l’histoire, ce ne sont pas les calamités, c’est la venue du Seigneur qui vient tout faire passer de la mort à la vie.

Si le Seigneur vient, à l’homme de revenir vers Lui : le retour est sa démarche, car ce n’est pas Dieu qui s’est éloigné de lui, mais lui qui s’est détourné de Dieu. Comment revenir vers Dieu ? Comment aller à sa rencontre ? Trois attitudes nous sont suggérées par ces lectures.

Être vigilant comme le portier qui attend le retour de son maître, c’est-à-dire ne pas s’endormir spirituellement, ne pas s’engourdir dans la paresse et le plaisir, ne pas se laisser aller à la torpeur du péché.

Rester en tenue de service, « fixé chacun à son travail », consciencieux dans l’accomplissement de son devoir d’état, attentif aux besoins des autres.

Persévérer dans la prière, une prière portée par l’espérance, soulevée par la joie, celle de l’attente de la pleine révélation du Seigneur Jésus.

L’Évangile de ce dimanche est court, très court, mais quatre fois, Jésus emploie le verbe « veiller » . Si le temps de l’Avent est celui de l’attente, il est aussi le temps des veilleurs. Guettons Celui qui vient. Il est là, chaque jour, frappant à notre porte et nous invitant à lui faire une place dans notre vie. Accueillir la vie, c’est accueillir Dieu. Nous devons prendre le temps de regarder notre vie avec un regard neuf, afin d’y découvrir la présence de Dieu à travers les personnes que je rencontre, à travers un sourire, un simple geste de partage, une attention, en ce moment, par un coup de fil à une personne âgée ou seule. Oui, Dieu se manifeste dans les situations de la vie quotidienne : celles qui nous arrivent, de toutes parts, par les médias ou autres. Même isolés, nous pouvons avoir un réflexe de déchiffrer cette vie : relire la vie du monde pour lire la présence de Dieu.

Cet avent 2023 ne sera pas celui d’une recherche solitaire, mais en Église où, communautairement, la liturgie nous apprendra à reconnaître le Seigneur qui vient. En d’autres termes, il s’agira de donner une nouvelle saveur à notre prière, celle de l’inattendu de Dieu dans nos existences humaines. Ce sera celle de toute l’Église, une assemblée cosmopolite où fidèles et ministres du culte s’unissent dans une même louange vers le Seigneur, un même dialogue avec Dieu qu’elle espère de toute éternité. Sans oublier, dans les églises et nos maisons, la crèche à poser comme symbole de nos crèches intérieures. Le Seigneur vient habiter chez nous : il fait sa demeure à l’intime de nous-mêmes. Veillez pour cette venue quotidienne de Dieu dans nos vies ! AMEN.

Père Jean-Claude Duclos