Ce matin-là, au petit jour, alors que le Sabbat, pendant lequel tout le monde devait rester confiné, allait se terminer, Marie-Madeleine court au tombeau, là où le Crucifié a été inhumé en toute hâte. Elle va pleurer son meilleur ami avec l’immense peine et tout l’amour qui lui brûlent le cœur.
Et voilà que l’énorme pierre est roulée et que le tombeau est vide. Alors, toute affolée, elle court trouver Simon-Pierre et Jean pour leur dire : « On a enlevé le Seigneur, et nous ne savons pas où il a été déposé ! ». Comme si sa mort aussi atroce, aussi odieusement humiliante et aussi totalement injuste, n’était pas suffisante, voilà qu’on a profané le tombeau et enlevé son corps ! Comment pourra-t-elle un jour faire son deuil ?
Devant cette tragique nouvelle, Pierre et Jean courent au tombeau et font le même constat : le tombeau est grand ouvert et vide : s’il reste les linges et le suaire qui l’enveloppaient, son corps, lui, est bel et bien disparu.
Pierre reste sans voix… Mais Jean, le disciple bien-aimé, a déjà pressenti ce qui sera la plus merveilleuse et la plus incroyable nouvelle qui, depuis 20 siècles, traverse notre humanité : « Il vit et il crut », nous dit l’Évangile ! Oui, il voit que le tombeau est ouvert et que le cadavre est bien disparu. Mais pour lui, c’est le signe que la mort n’a pas pu le garder prisonnier !.. Il croit que c’est la Vie, la Vie pour toujours, qui a triomphé !
Et, tout au long de cette folle journée, c’est le Ressuscité lui-même qui va se donner à voir à Marie-Madeleine, revenue au tombeau,.. aux autres femmes venues à leur tour,.. à Pierre, aux Apôtres.. et, le soir, à deux disciples complètement désemparés, sur la route qui les ramène de Jérusalem à Emmaüs. Alors que tous pleuraient un mort et leurs illusions perdues, c’est un Vivant, un Vivant pour toujours, qui se donne à voir.
Et, dès lors, tout va changer : un feu de joie va brûler à nouveau dans leur cœur. Une lumière nouvelle et définitive va éclairer la nuit des hommes. Une formidable Espérance va chanter dans le cœur de tous ceux et celles qui, depuis 2.000 ans, vont oser y croire. Désormais toutes les forces de mort peuvent être vaincues. Désormais l’Amour est plus fort que la haine. Désormais le pardon est plus fort que la vengeance. Désormais la fraternité et la paix peuvent faire tomber toutes les barrières et supprimer les guerres.
Alors, nous aussi, face à tous les prophètes de malheur : face à tous ceux et celles qui, dans notre monde endeuillé par tant de tragédies humaines et par les horreurs de la guerre, face à tous ceux qui veulent nous faire douter de nous-mêmes et de l’avenir, allons-nous oser porter au cœur cette formidable Espérance d’un passage toujours possible du pouvoir des forces de mort à une victoire de la Vie ? Allons-nous donner envie d’y croire et d’y consacrer ensemble toutes nos énergies ?
A nous, aujourd’hui, de rouler les pierres de tous les tombeaux dans lesquels on voudrait nous enfermer. Car c’est parmi les vivants, parmi tous ceux et celles, croyants ou non, qui croient dans la Vie et qui donnent le meilleur d’eux-mêmes pour l’inventer la plus belle possible pour tous… c’est parmi eux que le Christ ressuscité nous donne rendez-vous ! Amen !
Père Bernard TROHEL