L’image de la vigne était traditionnelle dans la Bible pour montrer l’amour de  Dieu envers son peuple. Dans toute la Bible, l’image de la vigne représentait Israël… et voici que Jésus dit : « Moi, je suis la vigne, et mon Père est le vigneron » comme si cela était tout naturel et allait de soi, il prétend prendre la place de ce peuple tout entier.

Et ce n’est pas la seule fois où Jésus formule cette prétention illimitée : il avait déjà dit : « Je suis le vrai pasteur »,… Même, il se dit : « je suis la résurrection et la vie », « je suis le pain de vie », « je suis la lumière du monde », « je suis la porte », « je suis le chemin, la vérité et la vie ». 7 fois, Jésus dit « Je suis ».  Rappelons-nous, c’est le nom que Dieu donne à Moïse sur le mont Horeb : « Quel est ton nom ? » Et Dieu répond : « Je suis celui qui suis ». Donc Jésus est bien Celui qui vient de Dieu. Il est « Dieu ». Cet homme ose se prendre pour le centre du monde et de l’histoire ! Mais justement, n’est-il qu’un homme ?

Jésus assume le merveilleux symbole biblique pour affirmer qu’il est le « bien-aimé » du Père, l’objet de son amour. Il est en communion parfaite avec Lui… Jésus est la « vraie vigne », mais pas Lui seul. Il est le cep, le tronc auquel il veut rattacher tous ceux qu’il fait vivre :  « Je suis la vigne, et vous les sarments ». Jésus donne 3 conditions pour être un rameau porteur de raisin : 3 verbes actifs. Demeurer, tailler, porter du fruit.

 Demeurer. Le mot revient comme un refrain (8 fois en quelques lignes). « Demeurez en moi comme je demeure en vous… ». Ce verbe est un des maîtres mots de la Bible. Demeurer : image de permanence, de continuité, de communion et d’intimité. Image d’amour, image conjugale : « Mon bien-aimé est à moi et je suis à lui » disait le Cantique des Cantiques. Demeurer avec Jésus, comme Lui-même demeure avec son Père dans l’unité de l’Esprit-Saint, n’est-ce pas là, frères et sœurs, le suprême secret révélé par Jésus ? Dieu veut établir avec chacun et chacune d’entre nous un lien de même nature que celui qui l’unit à son Fils bien-aimé, à l’image de l’unique sève qui circule dans le tronc et dans les branches. Nous devinons à quelle profondeur de relations cela nous situe !

Tailler. Tout viticulteur sait qu’une vigne non taillée finit par produire que du bois sec. La taille permet d’élaguer et de nettoyer chaque pied de vigne pour que la sève se concentre dans les sarments porteurs de raisin. Une opération douloureuse pour la vigne qui « pleure » comme disent les vignerons en voyant la sève s’écouler. Le vigneron sait très bien que s’il laisse les « gourmands », il ne pourra pas faire de récolte. Demandons-nous souvent si les gourmands de notre égoïsme, de notre attachement à tout ce qui n’est pas Dieu, n’empêchent pas, en notre âme, la montée de la sève divine ? Maîtriser ses instincts de possession et de domination, en vue de privilégier le don de soi, le service, l’amour de l’autre ; ça fait mal.

Porter du fruit. Cette expression est répétée 6 fois. Donner du fruit, porter du fruit : voilà ce que Jésus propose à l’humanité. Chacun de nous est un vivant, qui met de la vie, de l’amour autour de lui. Étant greffé sur le Christ, ça veut dire qu’il me donne sa vie éternelle. Et Jésus a osé dire que nous sommes comme un morceau de Lui, un sarment de la vigne, comme une parcelle vivante du Dieu vivant. Il nous donne de pouvoir partager sa vie, de pouvoir communier dès cette terre, en pratiquant la foi, l’espérance et la charité, communier à la vie éternelle des 3 personnes divines le Père, le Fils et le Saint Esprit.

Cette proposition nous demande un effort personnel de rencontre avec Jésus, en particulier ces temps prolongés de prière qu’il faut s’imposer chaque jour, de ces moments exclusivement consacrés au Seigneur, où dans le recueillement, le silence, on s’exerce à croire, à espérer et à aimer… Nous ne sommes pas assez convaincus que la prière est quelque chose de vital. Celui qui ne prie pas devient très vite comme un sarment sec dans lequel la vie divine ne coule plus : il ne peut pas être uni à Dieu. Celui qui au contraire demeure en Jésus par une prière constante, donc dans une intime communion avec lui, celui-là peut porter beaucoup de fruits, c’est-à-dire réussir  pleinement sa vie selon Dieu, parvenir à ce plein épanouissement de la vie surnaturelle qu’est la sainteté, en vivant à fond l’unique commandement de l’Amour.

Porter du fruit, c’est aussi faire vivre l’Église, la faire grandir et la rendre visible. Seigneur, fais que je sois « un beau raisin ! ». « Ce qui fait la gloire de mon Père, nous dit Jésus, c’est que vous donniez beaucoup de fruit. Ainsi vous serez pour moi des disciples ». C’est agir pour le Royaume, pour les autres, pour l’Eglise et pour un monde meilleur… et pour « la gloire de Dieu ! ». AMEN.

 Père Jean-Claude DUCLOS