C’est aujourd’hui le dernier dimanche de l’année liturgique et nous fêtons le Christ Roi de l’Univers. Mais quand nous lisons les Évangiles nous comprenons que le Christ n’est pas un roi à manière des grands de ce monde. Beaucoup sont attirés à utiliser la violence pour faire peser leur pouvoir sur leurs administrés. Ils sont  plus attirés par le prestige que par l’attention aux plus pauvres. Nous devons oublier tous ces rois, ces chefs et ces présidents.

Les lectures de cette fête nous présentent ce roi comme un berger qui rassemble son troupeau. C’est le message du prophète Ézéchiel, notre 1ère lecture, Dieu nous y est décrit comme un berger, un bon Pasteur qui rassemble son peuple ; c’est le contraire des exploiteurs qui ne pensent qu’à s’enrichir au détriment des plus pauvres. Le Roi que nous fêtons nous est présenté comme un serviteur attentif qui se met au service des plus faibles, tout en veillant sur les brebis les plus saines. C’est ainsi que Dieu ne cesse de nous manifester toute sa bonté. Cette bonté est devenue réalité avec la venue de Jésus dans le monde : il s’est montré plein de sollicitude pour les plus faibles et les plus méprisés : bien plus il s’est identifié à eux !

Dans la seconde lecture, nous faisons un pas de plus saint Paul nous parle du Christ ressuscité, berger de toute humanité, qui veut nous associer tous à sa victoire sur la mort et le péché. Par sa mort et sa résurrection, il a triomphé de toutes les puissances du mal. Il introduira dans son Royaume ceux qui l’auront suivi. Dieu sera tout en tous : Voilà la bonne nouvelle qui doit raviver notre espérance.

L’Évangile de ce jour nous rappelle que la Royauté du Christ est celle du berger qui se consacre à chacune de ses brebis. Il est tellement proche des petits et des exclus qu’il se reconnaît en chacun d’eux. C’est à la manière dont nous les aurons accueillis que nous serons jugés. Le tri sera le résultat du choix que nous aurons fait durant notre vie terrestre. Le Seigneur nous rappellera qu’il était présent dans les plus démunis qui se sont trouvés sur notre route.

 

Le Royaume de Dieu, c’est celui de l’amour et de la fraternité. Le seul critère de séparation, c’est l’amour des petits. D’un côté, il y aura ceux qui auront aimé  et de l’autre ceux qui ne l’auront pas fait. Je tire deux remarques des commentaires de  Marie-Noëlle Thabut sur cette parabole. La première, nous voyons que les justes n’ont pas besoin d’être conscients : «  Quand est-ce que nous t’avons vu ? Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? » Des non-chrétiens sont aussi appelés les « bénis de son Père ». Nous, chrétiens, n’avons pas le monopole de l’Amour. Dans ce jugement dernier, le salut leur est accordé. Tout cela est réconfortant.

Seconde remarque : Quand nous rencontrons dans la Bible l’opposition entre les bénis et les maudits, les bons et les méchants, les justes et les pécheurs ; il faut comprendre que ce sont deux comportements qui sont visés et non pas deux catégories de personnes. Le Christ ne sépare pas l’humanité en 2 catégories de personnes. Nous savons tous que nous avons chacun notre visage de lumière et de ténèbres. Nous pouvons nous retrouver dans l’une et l’autre catégorie. « Qui n’a pas manqué de charité ? Qui  n’a pas fait semblant de ne pas voir » ? Nous comptons aussi sur la Miséricorde de Dieu.

 

« J’ai eu faim… », nous dit Jésus. Oui, bien sûr, chacun pense à la faim matérielle. Des millions d’hommes, de femmes et d’enfants vivent chaque jour avec la faim au ventre. Le Secours Catholique et d’autres organismes ne cessent de nous le rappeler Et même dans nos villages tranquilles, nous pouvons découvrir des personnes qui n’ont rien à manger. Mais en même temps, nous  ne devons pas oublier ceux qui ont faim d’amitié, faim d’être reconnus et considérés, faim de justice et de paix. A travers eux, c’est le Christ qui est là.

« J’étais un étranger… », Nous pensons tous aux immigrés, aux sans papier. Beaucoup vivent une situation dramatique. Mais il y a d’autres manières de devenir étranger à l’autre ; C’est ce qui arrive quand des couples se déchirent ou encore dans les conflits de voisinage ou sur les lieux de travail. A travers l’étranger, c’est le Seigneur que nous ne savons pas toujours reconnaître. C’est Lui que nous accueillons ou que nous rejetons.

 

C’est maintenant que nous accueillons ou que nous refusons d’accueillir le Christ. Dieu n’aura pas à juger les hommes. Ils se seront eux-mêmes jugés tout au long de leur vie en accueillannt ou en refusant son Royaume d’amour. Dieu n’aura rien d’autre à faire qu’à dévoiler ce qui était caché en chacune de nos vies…

« Dans l’Eucharistie, Seigneur, nous apprenons à te reconnaître dans la Parole et le pain de Vie. Apprends-nous aussi à te reconnaître dans les plus pauvres, c’est auprès d’eux que nous sommes renvoyés si nous voulons te rencontrer.

Nous te supplions : Toi qui es lumière, mets dans nos ténèbres ton Esprit d’Amour ». AMEN.

 Père Jean-Claude Duclos