Frères et sœurs, la parabole des ouvriers de la onzième heure n’est pas faite pour nous dire comment un chef d’entreprise doit payer son personnel. S’il en était ainsi, l’entreprise en question aurait vite fait de se mettre en faillite et d’envoyer au chômage tous ses employés. L’intention de Jésus est de nous révéler l’immensité de l’Amour de Dieu pour tous les hommes.

Autrement dit, il s’agit de découvrir la vraie justice de Dieu qui n’est pas celle de la balance selon la conception humaine, mais plutôt celle de l’Amour de Dieu qui manifeste ainsi l’expérience de sa justice généreuse et miséricordieuse sans limite. A travers cette parabole, saint Matthieu nous encourage à embrasser la logique de Dieu si véritablement nous nous réclamons de Lui.

L’Amour et la justice de Dieu apparaissent dans cette parabole par le fait que l’humanité tout entière peut être considérée comme le champ de Dieu et Celui-ci  s’engage à s’occuper de ce champ : en sortant cinq fois pour chercher les ouvriers afin de travailler à sa vigne, en embauchant jusqu’au soir des ouvriers sans travail, en leur donnant à tous plein salaire. Le maître de la vigne fait preuve d’une bonté qui va bien au-delà de la justice humaine.

Pour mieux comprendre cette parabole, les ouvriers de la première heure sont ceux qui sont restés fidèles à la Loi et aux commandements, ceux qui ont peiné à accomplir leurs devoirs depuis leur tendre enfance. Il s’agit en premier lieu des Juifs, bénéficiaires naturels de l’Alliance. Les ouvriers de la dernière heure Quant à eux, considérés comme les derniers, souvent taxés de pécheurs, sont les publicains, les païens.

Ainsi la Bonne Nouvelle de 25ème dimanche, c’est que Dieu introduit également dans son Royaume ceux que l’évangile appelle souvent « les publicains et les pécheurs ». Eh bien, ceux-là, Jésus nous dit que Dieu les aime tout comme les autres et qu’il vient les sauver, car ils gardent toute leur valeur à ses yeux. C’est pour cela que Jésus les fréquente et qu’il mange avec eux, comme avec des amis. La volonté de mon Père, dit Jésus, c’est que pas un seul ne se perde ».

Les adversaires de Jésus lui reprochent de fréquenter des gens qui ne pratiquent pas la loi, d’accueillir des pécheresses publiques et de se laisser inviter chez des voleurs. Jésus répond que Dieu est comme ce patron qui cherche le bien de tous. La vraie moralité, c’est la réflexion finale : « Ton regard est-il mauvais Parce que moi, je suis bon ? ». Dieu ne fait pas de différence entre les hommes, qu’ils soient premiers ou derniers. En effet, pour Lui, tous les hommes sont égaux. De ce fait, Dieu donne la même rétribution au grand et au petit, aux riches et aux pauvres, au premier comme au dernier !

Ainsi être appelé à travailler à la vigne du Seigneur, se mettre à son service, collaborer à son œuvre de salut est déjà en soi un prix inestimable, qui est la récompense de tout effort. C’est finalement avoir un comportement digne de l’Évangile, c’est-à-dire, consacrer notre vie entière à l’évangélisation, pour reprendre saint Paul dans la deuxième lecture. Ceci dit, chacun devra travailler avec ardeur à la vigne du Seigneur et devra comprendre que le salaire reste un don gratuit de la bonté de Dieu ; par conséquent, on ne saurait en discuter le montant. Il faut le recevoir avec action de grâce et se réjouir de voir les autres en bénéficier.

Prions « Seigneur, merci de ne pas me juger selon mon travail ni selon mon amour imparfait, mais seulement selon Ton Amour gratuit et largement offert. Aussi, je comprends que Ta pièce d’argent que tu nous partages en guise de salaire, c’est en réalité Ta Vie, Ta Lumière, Ton Amour. Tu l’offres à chacun et à chacune d’entre nous. Pour cette merveille, béni sois-tu ». AMEN.