L’Évangile du Christ, Roi de l’univers nous met en face d’une des rencontres les plus impressionnantes vécues par Jésus. D’un côté, le représentant du plus grand Empire de l’époque, Pilate, de l’autre, un condamné à mort Jésus. D’un côté quelqu’un qui pouvait décider de la vie d’autrui, de l’autre, celui qui est la vie elle-même. Mais le plus impressionnant, c’est que Pilate était là, face à Jésus et qu’il ne l’a pas rencontré. Il ne l’a pas rencontré parce qu’il a préféré rester dans son questionnement sur la vérité, enfermé en lui-même, sans élargir son regard et voir que, face à lui, était celui qui avait dit « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». Il est resté au seuil de la porte. Alors que Jésus révélait qui il était.
A plusieurs reprises, dans les évangiles, nous voyons Jésus refuser le titre de roi, cela même à des moments où il aurait pu le révéler, suite à un miracle, par exemple. Mais c’est au moment où il ressemble le moins à un roi qu’il affirme sa royauté. C’est le moment où la fragilité humaine est mise en lumière qu’il dit « ma royauté ne vient pas de ce monde ». Il avait déjà manifesté sa royauté par ce geste étonnant du lavement des pieds, en se mettant au service de ses disciples. Et ici, il se met au service de toute l’humanité. Il révèle, dans les deux cas, que sa seule ambition, est celle du don de soi, du service. Il révèle que sa royauté ne vient pas de ce monde parce qu’aucun roi n’est capable de donner la vie !
Voir la mise en lumière de la royauté au moment même où Jésus traverse la Passion doit être, pour nous, un signe d’Espérance. Et pourquoi ? Parce que Jésus nous montre que sa royauté n’est pas une réalité qui le sépare de nous, bien au contraire, il est Roi parce qu’il s’est fait serviteur. Il est Roi parce qu’il donne sa vie. Il est Roi parce qu’il partage notre souffrance et nos fragilités, parce qu’il s’est fait proche. Il est « le témoin fidèle, le premier-né des morts » qui nous révèle que son amour pour nous est concret et nous fait entrer dans la plénitude de la vie, dans la grâce de la résurrection. Et si nous sommes appelés à le suivre, nous sommes aussi appelés à nous mettre au service, à donner notre vie, à exercer cette royauté que nous recevons de Jésus.
Le jour de notre baptême, le prêtre ou le diacre a fait une onction sur notre front avec de l’huile parfumée, le saint chrême, en disant : « Je te marque de l’huile sainte pour que tu sois membre de Jésus-Christ, prêtre, prophète et roi ». Ainsi nous sommes appelés à le rencontrer, à le reconnaître, et à lui appartenir, à écouter sa voix !
Nous sommes à la fin de l’année liturgique « B »… et si nous prenions le temps pour écouter la voix du Seigneur, pour contempler ce que nous avons vécu de beau même, si bien souvent, nous avons été confrontés aux difficultés. Si nous décidions de contempler ce Roi pour voir en nous ce qui a grandi dans notre relation à Dieu, à nous-mêmes, à l’Église et aux autres, surtout avec les plus fragiles ? Comment avons-nous exercé notre royauté ? Est-ce que je me suis mis au service envers Dieu, envers les autres et envers l’Église, au nom du Christ qui est la Vérité qui nous rend libres ?
C’est le Christ qui partage notre fragilité qui nous est présenté comme Roi en cette fin d’année liturgique. Et il se met devant nous aussi pour que nous puissions le contempler. Mais pas pour nous dire ce que nous n’avons pas fait, mais pour nous inviter à participer à son œuvre de salut, à entrer dans cette démarche de vérité et d’espérance. Et comment ?
En aimant gratuitement notre prochain, au jour le jour, dans la vie familiale, professionnelle, sociale, attentifs en priorité aux plus petits ; en aimant les autres par un regard qui les fait grandir, par un sourire qui les accueille, les respecte, brise leur solitude, par la solidarité qui va leur redonner espoir, par un pardon ou une réconciliation qui ouvre l’avenir, car la foi invisible qui habite notre cœur doit se traduire dans le visible. C’est là coopérer à la venue du « Royaume que le Père a préparé pour nous depuis la création du monde ». AMEN.
Père Jean-Claude DUCLOS