Les lectures du 4ème dimanche de l’Avent nous racontent la visite de Marie à sa parente Élisabeth qu’elle est venue assister durant les trois derniers mois de sa grossesse. Deux femmes se saluent : l’une est vieillissante, l’autre toute jeune.
A elles deux, elles résument toute l’histoire sainte. Derrière Élisabeth se profilent les longs siècles de préparation, et Marie, rayonnante, sans tache ni ride, annonce l’Église de Jésus. Elles ont en commun leur espérance et leur maternité qui les engagent tout entière dans le plan de Dieu. Élisabeth était stérile et Marie avait décidé de rester vierge. C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que Dieu se révèle si vulnérable.
Élisabeth ne savait rien du mystère de Marie ! Au moment même où Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle, et elle fut remplie de l’Esprit Saint. Remarquez les nuances et l’exactitude de chaque mot. Élisabeth fut la première à entendre la parole, mais Jean fut le premier à ressentir la grâce. Jean a tressailli en raison du mystère, la mère en a été comblée. Comme le fils était comblé de l’Esprit Saint, il en a aussi comblé sa mère. Remplie de l’Esprit-Saint, elle s’écria : « Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni ! Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? »
La foi de Marie est contagieuse. Élisabeth reçoit le don d’un regard pénétrant qui lui permet de voir ce qui est invisible aux yeux de chair. Maintenant elle a compris, elle sait que Marie est la fille de Sion qui porte en elle le Fils du Père éternel, son Sauveur. C’est par la Parole de Dieu que nous progressons, nous aussi, pour accueillir Jésus dans la crèche. C’est ce même mouvement que les bergers devront accomplir pour rejoindre la grotte de la Nativité. C’est l’Esprit-Saint qui nous permet de découvrir dans nos vies et celle des autres, la trace de l’œuvre de Dieu.
Cette visitation, toute pleine de charme et de beauté, si naturelle et même familière, est d’abord porteuse d’une révélation profonde sur l’essentiel de ce qui fait notre salut ; elle oriente nos esprits et nos cœurs vers l’avenir de notre foi et de notre espérance. Car saint Luc, c’est toujours là sa manière, par ses récits, veut nous instruire.
Ce qu’il nous présente aujourd’hui : c’est l’accomplissement effectif du grand rêve de Dieu, sa présence réelle et active en notre chair, sur notre terre. C’est l’initiative que le Seigneur prend de venir chez nous. Le Fils de Dieu devient, pour nous rejoindre, « un être missionnaire » dès le sein de sa mère. Il se révèle un être de « Parole et de visitation » dans l’humilité et la joie du service, dans le sens d’une proximité, d’une intime présence : il vient à la rencontre de nos attentes pour l’annonce d’une Bonne Nouvelle.
C’est ainsi qu’il vient dans nos maisons, dans nos lieux de travail, de loisirs, de labeurs et de peines, de jeux et de souffrances pour une présence de réconfort, de paix et d’amitié. C’est ainsi qu’il donne valeur à tout ce que nous vivons dans l’amour. « C’est ainsi qu’il supprime l’ancien culte pour établiir le nouveau… Nous sommes sanctifiés grâce à l’offrande qu’il a fait de son corps une fois pour toutes ».
Aujourd’hui, il nous appelle à le reconnaître, à laisser s’éveiller en nous le goût de l’accueillir et de célébrer sa venue qui nous sort de nous-mêmes et nous fait vivre « avec et pour les autres et pour Dieu », avec plein de vraie joie et de paix à partager désormais entre nous. « Lui-même, il sera la paix » dit le prophète. Heureux ceux qui comme Élisabeth et Marie croient à l’accomplissement de la parole du Seigneur en leur vie. Magnificat, Dieu si proche de nous, Dieu à nos côtés ! AMEN.
Père Jean-Claude DUCLOS
