Jeudi dernier, en accompagnant un adulte vers son baptême, j’ai noté sa réflexion : « J’aimerais que, grâce à la force de l’Esprit Saint, ma vie devienne plus proche de Dieu en témoignant de son amour et rendre les gens heureux, et aussitôt il ajoutait : ma vie est souvent mise à l’épreuve, par les événements, par le doute, par ce que j’entends des autres… »   L’expression de cet adulte a nourri ma prière pour préparer cette homélie et pourrait, à elle seule, illustrer la Parole de Dieu que nous venons d’entendre.

L’évangile de ce dimanche nous éclaire : au milieu des polémiques provoquées par les pharisiens qui engendrent discordes et conflits, Jésus ne veut pas se positionner pour ou contre ; il veut que l’Esprit du bien nous conduise pour mieux vivre ensemble car c’est le désir de Dieu pour nous, pour le monde.

La parole de Dieu est toujours une Bonne Nouvelle car elle parle à nos vies, à notre conscience, elle permet de réfléchir avant de prendre une orientation de vie dans nos choix et nos engagements.  La réponse de Jésus, dans l’évangile, est une invitation à avoir un comportement responsable entre le temporel et le spirituel.

« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». La réponse de Jésus aux Pharisiens et aux partisans d’Hérode, venus le piéger à propos du tribut que les Juifs devaient payer à l’empereur romain, connaît une belle popularité. Elle fait partie des phrases d’Evangile utilisées dans le langage courant comme un proverbe. L’interprétation qui peut en être faite aujourd’hui exprime partiellement la vérité du message de Jésus.

En effet, César n’est pas l’équivalent de Dieu. Il ne mérite pas qu’on lui voue un culte, qu’on lui attribue le titre de Seigneur comme le voulait le pouvoir romain.  Si Jésus ne peut se dérober à l’obligation de payer l’impôt à César comme tous ses contemporains, il échappe au piège que lui tendent ses opposants en affirmant l’importance du culte rendu à Dieu,  -davantage encore- en invitant à remettre à Dieu ce qui lui appartient,

Nous ne pouvons pas opposer César et Dieu.  Dans la première lecture, le prophète Isaïe écrit avec audace que Cyrus, cet empereur païen du 4ème siècle avant notre ère a été appelé par son nom, reconnu pour ce qu’il est.  Il a entendu la parole du Seigneur : «  Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre. En dehors de moi, il n’y a pas de Dieu »  et Cyrus a été appelé pour devenir l’instrument du Dieu unique qui lui permet d’agir en faveur de son peuple.  Nous pourrions dire la même chose pour César, il est reconnu dans sa fonction et son autorité, et Jésus le respecte.

« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » : la formule de Jésus n’est pas là pour nous écarter de toute participation à la vie publique. Au contraire, elle oriente notre vie chrétienne à participer au règne de Dieu et nous invite à discerner ce qui est bon, pour agir de telle façon que nos vies soient agréables à Dieu, comme au temps de l’Eglise de Thessalonique invitée par Paul et ses compagnons « à avoir une foi active, une charité qui se donne de la peine, une espérance qui tienne bon ».

En ce dimanche de prière pour les missions, le Seigneur vient nous combler de sa force missionnaire !  L’Esprit Saint, don de Dieu, est la force des disciples-missionnaires.

Paul, Silvain et Timothée ont été parmi les premiers disciples-missionnaires : « Notre annonce de l’Évangile chez vous n’a pas été simple parole, mais puissance, action de l’Esprit, certitude absolue » Grâce à ces premiers disciples, la Bonne nouvelle de l’Evangile est arrivée jusqu’à nous… et aujourd’hui, elle poursuit son œuvre dans nos cœurs et au cœur de la vie des hommes.

Saint Paul nous dit que « la foi est active », autrement dit la foi nous rend acteurs, elle nous mobilise pour annoncer le Christ.

« La charité se donne de la peine », autrement dit la charité nous rend serviteur envers tous comme le Christ.

« L’espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ », autrement dit l’espérance nous rend persévérant en cette vie où nous attendons le vrai bonheur promis, la vie éternelle.

Ces trois vertus théologales qui nous unissent au Christ, qui nous font chrétiens, nous les retrouvons dans la mission de nos communautés chrétiennes, de notre paroisse : l’annonce de la foi, l’exercice de la charité, la prière qui manifeste notre espérance.

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« Rendre à Dieu ce qui est à Dieu » tourne le chrétien vers Celui de qui vient tout don, par qui nous avons la vie, le mouvement et l’être.  Demandons au Seigneur dans cette Eucharistie, que notre foi s’enracine de plus en plus dans le roc solide qu’est la personne du Christ Jésus auquel nous remettons nos vies. C’est avec lui que nous cheminons sur les routes du monde en cherchant à mieux le connaître et à mieux le suivre.

Père Gérard Poirier