En ce 22ème dimanche du Temps 0rdinaire, le pur et l’impur sont au cœur de l’évangile de Jésus, Lui qui est pur de tout mal, touche les impurs et acceptent d’être touché par eux. Or que se passe-t-il à chaque fois ? Ce n’est pas l’impureté qui gagne, mais la sainteté de Jésus : le lépreux est purifié, la femme hémorroïse guérie, la fillette ressuscitée. Dieu  ne veut pas d’une logique de mort et d’exclusion. Il veut la vie, la recréation et la réintégration : c’est toute l’œuvre du mystère pascal. Essayons d’énumérer les conséquences d’une telle nouveauté.

Tout d’abord, nous devons reconnaître que nous sommes tous pécheurs et que nous avons tous à être purifiés. Mais notre espérance du salut, c’est Jésus-Christ, mort et ressuscité ! Si nous touchons Jésus ou si nous nous laissons toucher par Lui, nous serons purifiés. Jésus est le chemin qui nous conduit au Père. Plus besoin de multiples bains d’eau. Configurés à Lui par le baptême, nous devenons enfants de Dieu. Quelle libération !

En deuxième lieu : nous n’avons plus à vivre dans la peur. Humblement, nous pouvons sortir de la logique qui veut que le mal vienne des autres, du dehors. Nous pouvons reconnaître qu’une poutre est dans notre œil avant de chercher la paille dans l’œil de notre frère. Le combat pour le bien doit nécessairement commencer au dedans de nous. Jésus nous fait passer d’un regard extérieur qui a peur à un regard intérieur qui se laisse saisir par la miséricorde de Dieu.

En troisième lieu, si Jésus nous libère de la peur. Il libère aussi d’une fausse assurance qui consiste à croire que nous pouvons nous purifier, nous sauver par nous-mêmes sans l’aide de Dieu. 0r nul ne peut se sauver soi-même. Notre mission est de laisser la lumière de l’amour de Dieu pénétrer au plus profond de notre cœur afin que le Christ puisse venir y agir Lui-même. Toute notre vie chrétienne ne consiste qu’à savoir nous ouvrir tout entiers, en vérité, en profondeur, à la Loi d’Amour au lieu de chercher à nous donner une fause bonne conscience et à nous purifier par nous-mêmes.

Finalement la grande nouveauté qu’apporte Jésus au monde, c’est que ce ne sont pas des rites de purification qui permettent au croyant d’approcher Dieu, mais seulement la conversion de son cœur. La pureté n’est pas affaire d’extériorité – avoir les mains propres – mais affaire d’intériorité, avoir un cœur libre et le désir droit.

L’essentiel se situe dans le cœur. C’est là où s’exprime au mieux notre liberté. C’est avec le cœur profond que se découvre la pleine vérité. C’est au plus intime du cœur que se traduit en acte le pur amour. « Rien de ce qui est extérieur à l’homme ne peut le rendre impur » dit Jésus (7, 15). Ce sont nos pensées, nos intentions, nos désirs, nos sentiments qu’il faut contrôler. « Maîtrise tes sentiments, disaient les Pères du désert, et tu seras engagé sur la voie de la sainteté ».

Plus concrètement encore, on pourra dire que c’est l’intention qui donne tout son sens à notre action. Que l’essentiel lui-même reste invisible pour les yeux, car on ne voit bien qu’avec le cœur. L’apôtre Paul a cette merveilleuse formule dans sa lettre à Tite : « Tout est pur aux cœurs purs » (1, 15). Si donc notre cœur est pur, toute notre vie sera sainte. Si notre cœur est mauvais, toute notre existence en sera perturbée. « Là où est ton trésor, nous dit Jésus, là aussi sera ton cœur ». Où donc est mon trésor, ô mon cœur ?

La Loi de Dieu, si elle est bien vécue, devient un moyen de ne pas s’éloigner de Dieu, elle concerne chaque moment de nos vies, chaque acte de la vie ordinaire. La Loi, si elle ne permet pas au croyant de se rapprocher de Dieu, ne sert à rien. Et c’est cela que critique Jésus : la pratique de la loi pour la loi, mais la pratique de la loi pour nous aider à tendre la main et à prendre toute personne en considération, c’est cela qui doit nous ouvrir le vrai chemin de sainteté qui nous conduit à Dieu notre Père. AMEN.

Père Jean-Claude DUCLOS