« Je veux vivre, tu entends, vivre » : ces paroles de Garçons et de Filles ne les ont-elles pas prononcées à certains moments de leur vie ; adultes ou avancés en âge, ne nous arrivent-ils pas d’en avoir envie de dire la même chose ! Frères et sœurs, amis, la Fête de la Toussaint ne doit pas être la fête de la mort, mais la fête de la Vie : de notre vie d’aujourd’hui et celle de demain, de la vie de notre corps et celle de l’âme.

           Notre vie d’aujourd’hui, Hélas ! Nous rencontrons de plus en plus des gens qui n’ont plus envie de vivre, la vie pour eux ne vaut pas la peine d’être vécue ; ils ont perdu ce qui pour eux était leur raison d’être : la perte d’un être cher, un handicap, l’infirmité, la vieillesse et que sais-je encore ?

           Et malgré cela, du fond de leur être monte intérieurement ce cri : « Je veux vivre, vivre, tu entends ? » mais pour vivre, il ne faut pas se tuer, et aujourd’hui combien se tuent par l’alcool, la débauche, les excès de toutes sortes. Également, il ne faut pas tuer les autres par la haine et la violence. Pour vivre, ne prenons pas le chemin de la mort.

           Pour vivre, prenons le chemin de la Vie. Le chemin de la Vie, le chemin du bonheur, le Christ vient de nous l’indiquer dans l’Évangile de ce jour de Toussaint, je vous invite à y réfléchir.

           Il vient de nous dire « Heureux les pauvres de cœur », c’est-à-dire ceux qui sont libres de ce qui est matériel, libres des biens de ce monde leur donnant que leur juste valeur, libres en acceptant de partager avec leurs frères et sœurs qui sont dans le besoin. Alors, si un jour des coups durs les frappent, s’abattent sur eux, ils continueront à vivre, à être heureux, car en eux se trouvent d’autres espoirs.

           « Heureux les doux » J’ai retrouvé un cahier d’un enfant du caté à qui on avait demandé de mettre en dessin cet Évangile de la Toussaint. Alors, il avait fait un dessin montrant quelqu’un qui soignait un animal blessé, et il écrivait : « cet homme respecte la vie, il veut qu’il vive, car ni la haine, ni la violence ne rend heureux, n’aide pas à vivre ». Combien il avait raison. Faisons attention à ceux qui souffrent. Ceux qui sont attentifs aux malheur des autres, qui soignent les plaies non seulement du corps, mais aussi de l’âme, du cœur ; ceux-là connaîtront le bonheur et se sentiront vivre.

           « Heureux les artisans de paix » Pour illustrer ces paroles, l’enfant a fait un dessin d’un côté des gens détruisant le mur de la haine qui sépare, divise ; de l’autre côté des gens construisant le pont de la paix, pont qui rassemble, qui rapproche les hommes, pont bâti non avec du béton, mais avec du pardon, des gestes d’amitié, des paroles apaisantes. Ensemble bâtissons la paix entre nous tous et notre vie sera plus belle.

           « Heureux ceux qui pleurent » Il est humain que nous versions des larmes devant une grosse peine ou la mort d’un être bien-aimé. Il est humain que certains pleurent aujourd’hui sur une tombe fraîchement recouverte. Ces larmes sont la preuve de notre souvenir, de notre amour restant toujours vivant. Aujourd’hui le Christ leur dit qu’ils seront consolés, car ils les reverront vivants et heureux.

           Toussaint, c’est aussi  la fête d’une autre vie qui dépasse celle de notre corps, la vie de notre esprit, de notre âme, la vie qui est à l’intérieur de nous, la vie des baptisés. Et c’est cette vie-là qui nous fait vivre plus intensément, qui nous remplit d’espoir, de courage, qui nous rend heureux, qui nous empêche de faire de nous des découragés, des dégoûtés de la vie. Cette vie, c’est celle de Dieu. Dieu avec nous. Dieu qui nous parle. Dieu qui nous rend heureux !

            Toussaint, « c’est aussi la fête des morts vivants » me disait un enfant. Je trouve cette définition très belle. Oui aujourd’hui c’est la fête de la vie avec tous ceux qui sont partis pour une autre vie. Aujourd’hui nous sommes avec eux, notre pensée rencontre leur pensée. Nous les écouterons quand nous irons nous recueillir sur leur tombe. Ils ont des choses à nous dire. Nous aussi, nous avons des choses à leur dire, à leur demander. Ils sont près du Seigneur, ils peuvent nous aider, nous aider à marcher sur le chemin qui conduit à Dieu, sur le chemin qui nous mène vers un monde de joie, de lumière et de paix. AMEN.

Père Jean-Claude DUCLOS