Parlons d’abord de folie et de sagesse, avant d’évoquer Jésus le pain vivant. « Vous étourdis, venez par ici… A qui manque de bon sens, venez… quittez l’étourderie et vous vivrez, prenez le chemin de l’intelligence ». C’est bien à nous que s’adressent ces paroles, nous les étourdis, nous qui croyons avoir du bon sens… « Ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages… Ne soyez donc pas des insensés » nous dit encore saint Paul. Le tort que nous avons, c’est de nous prendre pour des sages, pour des gens qui comprennent les choses, des gens intelligents.

             De fait quand on voit comment va le monde, comment les humains se débrouillent pour vivre ensemble, on penserait volontiers que nous avons besoin d’une Sagesse qui vienne d’ailleurs. Ne soyons pas des insensés, « comprenons bien quelle est la volonté du Seigneur », poursuit saint Paul. Cette volonté de Dieu ?… nous traversons des jours mauvais et la tentation est de nous laisser mener par l’insouciance, l’excès dans les plaisirs, l’inconduite, l’inconscience. Être remplis de l’Esprit Saint, c’est cela la volonté du Seigneur : « A tout moment et pour toutes choses, rendre grâce à Dieu le Père au nom de notre Seigneur Jésus-Christ » pour que tout aille mieux, pour mettre toute chose à sa place.

            Ce qui fait le fil rouge des lectures de ce dimanche, c’est la question de la vie en Dieu. Cette vie ordinaire que nous recevons comme un don, mais qui est appelée à quelque chose de plus grand et de plus noble : la résurrection et la vie éternelle ! Et le moyen que Dieu nous donne : tirer parti du temps présent et du don que Dieu nous fait en Jésus, le pain vivant. Manger la chair et boire le sang du Fils de l’homme, recevoir la vie qu’il a donnée. « Celui qui me mange, vivra par moi » : Ne serait-ce pas cette Sagesse qui vient d’ailleurs ?

             « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ». Il a la vie même de Dieu en lui, la vie même de Jésus, le Christ ressuscité : comme Lui, il ne mourra pas, il vivra éternellement. Ni Jésus, ni les apôtres, ni tous ceux et celles qui nous ont transmis la foi n’ont parlé de façon purement « matérielle » : quand Jésus a rompu le pain et partagé la coupe, il a dit « Faites cela en mémoire de moi », car « si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il ne porte pas de fruit ».

             La vraie manne, c’est Jésus descendu du ciel, c’est son humanité ressuscitée. « Faire cela en mémoire de Lui », c’est nous nourrir de Lui… Le chemin pour nous tous, c’est le don de nous-mêmes comme il l’a fait, en mourant pour nous. « Je suis le pain vivant »… Si nous communions au Corps et au Sang du Christ Jésus, nous nous associons à sa mort, mais pour donner notre vie à sa suite.

             En recevant « la communion », nous répondons « Amen », c’est-à dire « Je crois » : nous nous engageons dans un chemin de vie éternelle, chemin d’intelligence divine, loin de l’étourderie, loin des actes insensés… Aimer comme Dieu, donner sa vie comme Lui pour aimer vraiment… L’Esprit Saint  va nous permettre de vivre au diapason de la vie du Dieu Amour, donner… donner encore… donner sans cesse.

            Ce sacrement du Corps et du Sang du Christ, ce n’est pas une chose que nous ne comprenons pas, mais un vrai mystère, c’est le moment, c’est le lieu où Dieu nous permet d’être « un avec Lui » pour continuer ce que Jésus est venu faire pour nous. « De même que le Père qui est vivant m’a envoyé, et que je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi ». C’est bien pour cela que l’Eucharistie qui nous rassemble est le moment privilégié où nous rendons grâce : nous célébrons notre Père des cieux, en Jésus dont nous devenons le Corps, Jésus par qui nous pouvons, à notre tour, donner la vie, rayonner la vie éternelle de Dieu dès aujourd’hui. AMEN.

Père Jean-Claude DUCLOS