L’évangile de notre troisième étape de l’Avent fait suite à la liturgie de dimanche dernier : notre regard et notre méditation se tournent vers la figure de Jean-Baptiste. Après l’appel à la conversion, les lectures d’aujourd’hui nous proposent une autre facette du ministère de Jean, qui complète cette invitation à changer quelque chose dans notre vie pour accueillir le Sauveur qui vient.
Quand nous parlons de conversion, nous avons naturellement tendance à penser qu’il s’agit de quelque chose qui regarde notre vie. Il est heureux d’ailleurs que nous envisagions la conversion comme la mise en œuvre de notre capacité de réflexion et de discernement pour réviser notre manière de vivre et changer ce qui ne convient pas. En faisant cela, nous mettons en pratique les recommandations de St Paul : « discernez la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de toute espèce de mal. »
Aussi, Jean, nous dit l’évangile de ce dimanche, « est envoyé par Dieu, il est venu comme témoin », il est soumis au feu des questions des envoyés du temple de Jérusalem : « Qui es-tu ? Es-tu le prophète Élie ? Es-tu le prophète annoncé ? Que dis-tu de toi-même ? Pourquoi baptises-tu ? »
Et cet homme, envoyé par Dieu, commence par répondre NON aux questions qu’on lui pose : « non, je ne suis pas le Christ ; non, je ne suis pas le prophète Élie ».
Jean prend bien soin qu’on ne le confonde pas avec Celui qui doit venir et qui est plus grand que lui. Il prépare la venue d’un Autre. Il vit pour un Autre. Et Jean n’amène pas les autres à lui : voilà l’humilité du témoin ! Et l’Evangile atteste : « Jean était venu comme témoin pour rendre témoignage à la Lumière afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage. »
Jean, le baptiste, est habité par une présence et quelle présence ! Il donne le sens de la proximité de Dieu. A ses interlocuteurs qui ne s’y attendaient pas, il révèle : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ». La grandeur de Jean est de révéler la présence du Fils de Dieu. C’est lui qu’il faut regarder, écouter, suivre, aimer.
Aujourd’hui encore, sur les chemins de notre vie, l’Église du Peuple de Dieu révèle cette présence du Fils bien-aimé du Père, Jésus, le Christ, le Ressuscité. Dans un contexte d’indifférence, mais aussi dans un monde en recherche de valeurs ou en quête de sens, notre Église n’a pas à hésiter à porter le message audacieux de l’évangile : « Au milieu de vous, il y a quelqu’un que vous ne connaissez pas ».
L’Évangile veut orienter notre regard vers Celui qui vient, vers le Fils de Dieu qui, à Noël entre dans nos vies… préparons-nous à l’accueillir en ouvrant la porte de notre cœur.
Jésus est la vraie lumière. A la suite de Jean-Baptiste, aucun d’entre nous, ni l’Église elle-même n’est la lumière, mais tous, nous sommes chargés de rendre témoignage à la Lumière, celle accueillie à Noël et celle reçue à Pâques, dans la foi au Christ Ressuscité.
Laissons-nous saisir par cette grande joie annoncée par les prophètes, par les apôtres, par les témoins de l’évangile d’hier et d’aujourd’hui.
Pour cette dernière semaine de l’Avent, que Jean le Baptiste devienne, pour chacun et chacune de nous, un modèle : à la manière de Jean, devenons témoin de la Lumière de Dieu et laissons le Christ prendre toute sa place, en nous et autour de nous.
Ainsi, nous anticipons d’une certaine façon la joie de la Nativité, joie d’accueillir Celui qui vient redonner du souffle et de l’espérance à nos vies trop souvent éprouvées par des évènements personnels ou par ceux du monde en quête de paix.
C’est pourquoi ce troisième dimanche de l’Avent est traversé par l’expression de cette joie exprimée par le cantique du Magnificat que la liturgie a choisi comme psaume : « mon âme exalte le Seigneur ».
La promesse et la joie de Dieu fondent notre confiance, nourrit notre espérance, nous encourage sur la route de nos vies quotidiennes. Cette promesse et cette joie de Dieu sont déposées dans le cœur de Mandy et Nolan que nous soutenons par notre prière et qui vont communier pour la première fois en ce dimanche de la joie.
Père Gérard Poirier