Comment les gens que Jésus rencontrait pour leur annoncer la Bonne Nouvelle et guérir leurs malades comprenaient-ils qui il était ? Nous avons entendu diverses réponses approximatives certes mais assez logiques : Jésus faisait ce que d’autres prophètes avaient fait avant lui, il les exhortait à la conversion et à la fidélité et il soulageait leur souffrance, surtout physique mais aussi spirituelle.
Après sa résurrection, les disciples eux-mêmes étaient encore dans l’incertitude, il y a l’exemple des disciples d’Emmaüs qui ne l’avaient pas reconnu alors qu’il marchait à côté d’eux et qui lui disaient : « Nous le tenions pour un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple, et les chefs du peuple l’ont fait mourir… et nous qui espérions qu’il libèrerait Israël ! »
Les compagnons de Jésus, les Apôtres, qui l’accompagnaient dans ses déplacements, devaient nécessairement avoir une idée plus précise… d’où la question précise que Jésus leur pose : « et vous, que dites-vous, pour vous, qui suis-je ? » et c’est Simon-Pierre qui a risqué cette réponse : « Tu es le Christ » c’est-à-dire, tu es le Messie dont nous attendons la venue. C’est ce que son frère André lui avait déclaré après qu’il ait passé du temps avec Jésus en compagnie de Jean ; il lui avait dit : « Nous avons trouvé le Messie »
Dans un autre évangile, celui de saint Matthieu, Pierre ajoute une précision : « Tu es le Fils du Dieu vivant ».
Nous, nous sommes capables de comprendre cette affirmation de Pierre car nous savons tout ce qui s’est passé autour de la personne de Jésus depuis sa conception jusqu’à sa glorification dans le ciel, mais Simon-Pierre et les autres Apôtres en ignoraient tout.
« Tu es le Christ » : autrement dit, tu as été appelé par Dieu pour accomplir une mission et tu as commencé à la remplir : tu annonces la bonne Nouvelle du salut et tu suscites une démarche de conversion en disant : « Les temps sont accomplis, le royaume des cieux est tout proche, convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
Même ceux à qui Jésus avait procuré un bienfait – une guérison, une libération de l’emprise du démon – ne se sont pas tous convertis, car l’attachement à la tradition est toujours très fort, il en est encore ainsi de nos jours… il faut une bonne dose d’humilité pour cela.
En complément de la réponse de Pierre qu’il n’avait pas pu trouver tout seul, Jésus a dévoilé la part encore cachée de sa mission : le salut des hommes devait dépendre du sacrifice que Jésus allait offrir à son Père, et cela paraissait inacceptable : comment Jésus qui faisait preuve d’une telle autorité dans tous les domaines pouvait-il être vaincu ?
Pierre n’a pas entendu la dernière parole de Jésus annonçant qu’il ressuscitera ; il s’est arrêté sur la souffrance par laquelle Jésus allait passer et il a prétendu s’y opposer… il a eu la même réaction avant le commencement de la Passion et il a pris une arme dont il s’est servi pour trancher l’oreille d’un des serviteurs du grand prêtre.
Soyons réceptifs à la dernière parole de Jésus dans cette page d’Évangile : nous ne pouvons pas prétendre être des disciples de Jésus si nous ne prenons pas le chemin du renoncement à nous-mêmes : laissons-nous guider par le Saint Esprit qui veille sur l’Église comme sur chacun d’entre nous pour éclairer nos choix et avançons le plus fidèlement possible en mettant nos pas dans les pas de Jésus. Amen
Père Bernard VENOT