Qui, aujourd’hui, n’est pas débordé de travail et accablé de soucis ? Mais une invitation à un repas de noces, cela ne se refuse pas. Décliner l’invitation sans raison proportionnée est blessant… 0n est surpris, presque incrédule, devant l’attitude désinvolte des invités de la parabole qui se défilent pour satisfaire leurs occupations quotidiennes. Pire encore, ils se retournent contre les messagers de cette « bonne nouvelle !» qui insistent et ils les maltraitent sauvagement. Visiblement le but de cette histoire est de mettre en scène l’Alliance entre Dieu et l’humanité. Toute la tradition biblique décrit les liens de Dieu avec les hommes comme des relations d’amour nuptial et Jésus en est « l’Époux ».

                   Les prophètes se sont succédés, souvent en pure perte ; ils ont été rejetés, persécutés, méprisés et martyrisés. Les premiers invités, premiers choisis, se sont rendus « indignes » de cet appel par leur refus. Nous aurions tort de croire aujourd’hui   que la parabole désigne seulement ceux qui, historiquement, avaient reçu la première Alliance et n’ont pas reconnu le Christ. Nous sommes, nous aussi, des « premiers invités », dans la mesure où nous avons bénéficié de tant de facilités pour connaître le Seigneur, alors que d’autres étaient loin d’avoir cette chance. En Jésus-Christ, la porte du Royaume est largement ouverte à tous. En tout cas, l’Évangile nous livre une certitude : la « salle des noces » sera comble. Le dessein de Dieu se réalisera, même avec des invités que nous estimions imprévus.

                    Puisque Dieu a décidé de ne pas trier à priori ses invités, tous sont appelés, d’où qu’ils viennent. Il n’est pas nécessaire d’avoir des « références » religieuses pour trouver place à la table du Royaume, même les pécheurs sont attendus et accueillis. L’invitation est gratuite, elle est exigeante aussi. Le « vêtement de noces » est le symbole de la foi et de la joie qui animent celles et ceux qui rencontrent ce Dieu qui les aime. Il s’agit de se laisser habiller le cœur. Ne serait-ce pas Dieu lui-même qui fournit cet « habit de fête » ? « Vite, apportez la plus belle robe et habillez-le ! » dit le père de la parabole en accueillant son fils cadet revenu de sa misère : Dieu nous enveloppe de sa tendresse.

                    L’Eucharistie, la messe qui nous rassemble aujourd’hui, est une« célébration de noces » Le Christ se donne à son Église. Le Repas du Seigneur est la fête de son Amour pour nous. Notre prière, nos musiques et nos chants traduisent notre joie d’y participer. Mais tous les invités ne sont pas venus, seule une petite minorité a honoré l’invitation du Seigneur !. « Pas le temps ! »… « Pas envie : » « Croyants pas pratiquants ! »… « Pas pratiquants peu croyants ! »… « 0ccupés à leur « champ », à leur « commerce », à leurs loisirs… « Heureux les invités au Repas des noces de l’Agneau ! » Savourons ce bonheur ! Certes, il est exigeant de foi, de charité, de réconciliation et de don de soi. Mais l’Eucharistie est « notre force et notre joie ». Pourquoi faudrait-il faire de l’ Eucharistie dominicale une obligation ? On n’amène pas quelqu’un de force à une noce ! Celui qui a compris ce don de Dieu l’accueille en liberté. Le bonheur est liberté. La tâche des serviteurs n’est pas de tout repos ! Les messagers de la « Bonne Nouvelle » ne sont pas forcément bien reçus. Ils se heurtent à l’indifférence et même à l’hostilité. Les parents, les catéchistes, les responsables d’églises et chaque chrétien à l’occasion, en font l’expérience, mais sans eux l’invitation ne passerait pas. Inviter, « proposer la foi » est la mission de tous les baptisés.                                                                                                                           

            Sommes-nous assez « invitants » ? Il ne s’agit pas de contraindre ou d’embrigader comme font les sectes, mais de transmettre un appel qui vient de plus loin que nous. Le Seigneur a besoin de notre voix, de nos mains, de notre joie de croire communicative et de notre espérance à offrir en cadeau à ceux qui sont plus ou moins désorientés sur les routes de l’existence. C’est dehors à la croisée des chemins de notre quartier, de notre ville, de notre village qu’il faut risquer d’aller chercher les invités de la dernière chance et de leur dire : « Venez, Dieu vous invite ! ».AMEN

Père Jean-Claude Duclos