Essayons, frères et sœurs, de comprendre le sens profond de ce passage de l’évangile de saint Luc qui suit celui des disciples d’Emmaüs, évangile eucharistique par excellence. Comme dans tous les évangiles, les disciples affolés par la mort de leur Maître, alors qu’ils sont enfermés au Cénacle, ont aussi le cœur fermé à toute manifestation divine. Quand le Christ apparaît à ses disciples, ils sont « saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit ». Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? » et avant « la Paix soit avec vous ».
S’ils croient voir un esprit, c’est parce que leur foi en la résurrection est balbutiante. Car, quand le Christ advient et intervient dans leur existence, comme dans la nôtre d’ailleurs, il est à la fois le même et toujours nouveau. Et saint Luc le montre bien : « après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds », c’est donc bien Lui, et il leur demande à manger. Il est le même que celui avec qui ils ont partagé repas et prédication, mais il est aussi le tout autre puisqu’il apparaît alors portes et fenêtres fermées. Jésus leur rappelle les paroles « que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la Loi de Moïse, les prophètes et les Psaumes ». Leur foi et la nôtre ne peuvent se passer de cette source essentielle que sont les Ecritures.
« Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension de l’Écriture ». Cette parole implique, me semble-t-il, deux choses :
D’abord, comprendre l’Écriture est un don que Dieu nous fait. Nous avons besoin que l’Esprit de Jésus, l’Esprit Saint, nous ouvre à l’intelligence de l’Écriture. Je me souviens d’une catéchumène qui disait : « Je ne savais pas lire la Bible, et maintenant, j’ai découvert que Dieu me parle à travers l’Écriture ».
L’autre chose, c’est la place de cette Parole dans notre vie. C’est elle, la Parole, qui nous permet de découvrir peu à peu qui nous sommes, d’entrevoir à travers les événements du monde, au-delà des apparences, malgré les drames et les souffrances, le grand projet d’amour de Dieu pour l’humanité. Cette Parole, elle prend toute sa place au cours de la messe comme maintenant, ou dans le silence d’une prière personnelle, ou lorsque nous partageons la parole à quelques uns, ou lorsque nous écoutons un enseignement ou lisons un commentaire… Demandons au Seigneur de nous aider à comprendre le sens de ta Parole. Nous croyons que sa Parole est une parole de vie, pour nous comme pour l’humanité et que c’est elle qui, au souffle de l’Esprit Saint, nous donne de grandir dans notre existence et de construire un monde selon Dieu.
La Parole ne fournit pas de recette, elle ne répond pas directement à nos questions. Elle les déplace, apportant un regard nouveau sur ce que nous sommes en train de vivre ; c’est une lumière sur notre route. C’est à chacune, à chacun de nous de prendre le chemin, son propre chemin, qu’il jugera le meilleur ou le moins mauvais pour être fidèle à cette parole. Elle ne transformera notre vie que si nous faisons confiance à Celui qui en est la source, le Christ-Jésus, Parole Vivante de Dieu. Par Lui, Jésus, la Parole Vivante, nous rendra capables alors d’une vraie relation d’enfant de Dieu et de frères et sœurs entre nous.
Enfin l’évangile nous livre un dernier message. La Ressuscité demande à ses amis d’être les témoins de qu’ils ont vécu : « C’est vous qui en êtes témoins ». C’est au présent. Ce n’est pas un souhait, mais un constat. Nous ne choisissons pas d’être témoins, nous sommes témoins, que nous le voulions ou non, à travers nos façons de vivre, de regarder le monde, de parler de Dieu ! Ce que nous sommes témoigne en positif ou en négatif du message de Jésus Christ. Sans nous culpabiliser, il n’est pas inutile de nous interroger personnellement et en tant que communauté chrétienne, sur notre manière de témoigner et sur la valeur de notre témoignage. Cette parole, Jésus nous l’adresse aujourd’hui à chacune et chacun d’entre nous et à notre paroisse. Rendons grâce à Dieu pour sa Présence et pour cette Parole Vivante qui est comme une lumière sur notre chemin de vie et de sainteté. AMEN.
Père Jean-Claude DUCLOS