« Que dois-je faire pour avoir en héritage la Vie éternelle ? »

C’est beau ce désir de la Vie éternelle… C’est un reflet en nous du désir même de Dieu qui nous a créés pour vivre en son amour pour toujours. Mais l’homme de l’Évangile, me semble-t-il, pose très mal sa question… Parce qu’il désire la Vie éternelle à sa façon, comme un homme qui a « de grands biens » et qui désire la Vie éternelle comme une possession de plus. Le Christ ne refuse pas la question. Au contraire « Tu connais les commandements », lui dit-il, Et ce fut l’occasion pour cet homme de se rappeler les commandements sans oublier d’en revendiquer la pratique et de faire état de sa vertu.

Le dialogue aurait pu s’arrêter à ce constat, mais c’est justement cet aveu de perfection qui permet au Christ d’aller plus loin. « Posant son regard sur lui, dit l’Évangile, Jésus se mit à l’aimer ». Non pas parce qu’il ne l’aimait pas auparavant, mais parce que Jésus veut situer le dialogue à un autre niveau, celui de l’Amour et de l’Alliance, et non plus du permis et du défendu. « Une seule chose te manque » dit Jésus à cet homme venu à sa rencontre ; « Va, Vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et puis, Viens et suis-moi ».

Je suis frappé par cette façon de dire : « Une seule chose te manque ». Ne croyez-vous pas que, dans nos vies, beaucoup de choses changeraient si nous comprenions mieux ce qu’est cette « seule chose qui nous manque » ? Et sans doute, cette « chose » est-elle différente pour chacun et chacune… mais s’il fallait la ramener à ce qui nous est commun, je parlerais de la Radicalité. Il y a dans notre vie, je crois, un appel à la radicalité, c’est-à-dire à dépasser nos médiocrités ou nos bonnes consciences pour atteindre la joie du don total à Dieu et à ce que pour quoi nous sommes appelés à vivre aujourd’hui sur cette terre.

Il ne s’agit plus seulement de suivre une loi, mais de suivre quelqu’un :« Vends tout ce que tu as… Viens… Suis-moi ». La raison de ce dépouillement n’est pas d’abord l’assistance aux pauvres, ni la récompense au ciel, mais la volonté de se mettre à la suite de Jésus. C’est un choix qui exige un dépouillement radical par rapport à tout le reste. Les bonnes œuvres ne seront plus désormais la cause du salut, mais le fruit de la foi.

Est-ce une bonne nouvelle ? Oui, cet évangile est une bonne nouvelle que nous sommes tous invités à accueillir. Retenons en particulier cette parole : « tout est possible à Dieu » : il est le Dieu libérateur, il a tous les moyens pour nous sauver : Lui seul peut et veut nous libérer. La tristesse du riche est déjà un bon signe. Il est en train de découvrir qu’il est passé à côté de l’essentiel. Pour le moment, il pense à « gagner » son salut en accomplissant de bonnes œuvres. Un jour, peut-être, il découvrira que le salut ne se gagne pas, mais qu’il s’accueille comme un don gratuit. A force de vouloir gagner sa vie éternelle, il ne voit pas que sa vie présente est un don. Il ne voit pas finalement pas que la vie est une richesse que dans la mesure où elle se donne.

Vivre cette audace de la fragilité, c’est finalement se rendre disponible à la présence de Dieu dans nos vies. C’est Dieu seul qui nous sauve, mais il ne le peut sans notre consentement et il attend que nous lui exprimions notre réponse par nos actes. Les dix commandements nous rappellent l’essentiel de ce que Dieu attend de nous : « L’aimer par-dessus tout et aimer notre prochain comme nous-mêmes ». AMEN.

Jean Claude DUCLOS