Nous connaissons tous cette histoire » des vierges avisées et des vierges folles « . Nous en connaissons même la morale : il s’agit d’être prévoyant, de se tenir prêt, la mort peut nous surprendre quand nous nous y attendons le moins.
Si le message de Jésus n’allait pas plus loin, cette parabole des jeunes filles prévoyantes ne dirait rien de plus que la fable de La Fontaine » La cigale et la fourmi » :
» la cigale ayant chanté tout l’été se trouva très dépourvue lorsque la bise fut venue » .
Alors, pour comprendre en profondeur le message de Jésus, attachons-nous à découvrir ce qu’il contient en profondeur.
En quoi donc ces 5 jeunes filles dites avisées, qui ne veulent pas prêter aux autres un peu de leur huile sont-elles un modèle ? Ne sont-elles pas plutôt un modèle d’égoïsme ?
Peut-être le but de cette parabole n’est-il pas de nous présenter ces jeunes filles comme modèles. Parce que, par cette parabole Jésus veut simplement nous parler du Royaume » Le Royaume des cieux, dit-il, est comparable à dix jeunes filles, qui, ayant pris leurs lampes à huile allumées, sortent à la rencontre de l’époux « . L’époux tardant, on ne sait pour quelle raison, toutes les dix, avisées comme folles, s’endorment en attendant le moment de la rencontre. Elles ne sont pas plus vaillantes les unes que les autres.
Il n’y a que leur petite flamme qui veille et qui scintille.
Or nous savons que la flamme est le symbole de l’amour. Ne dit-on pas, » avoir le cœur brûlant d’amour ou déclarer sa flamme, avoir le cœur qui s’enflamme » ?
Et c’est justement à une fête de l’amour que ces jeunes filles sont conviées, une noce, une alliance. Mais l’attente est longue. Chez certaines, faute de carburant la flamme commence à vaciller, et risque de s’éteindre. Très vite, elles en prennent conscience et demandent aux autres une recharge d’huile. Mais cela n’est pas possible car l’huile qui permet à la flamme de l’amour d’éclairer en brûlant est composée d’une multitude de gouttes de patience vécue, de services rendus, de miséricorde toujours accordée, de confiance toujours donnée ,d’ espérance toujours manifestée, en supportant toujours c’est-à-dire en portant sur ses bras pour éviter la noyade, et en encourageant pour transférer son dynamisme. Personne ne peut vivre l’amour à ma place.
C’est que l’amour ne s’improvise pas, il ne se commande pas le jour où on en a besoin. Il faut que, personnellement, j’en fasse la démarche.
Si vous questionnez les deux amoureux qui, hier soir, en cette église, ont célébré leurs noces d’or 50 années, 18 262 jours d’amour au quotidien ils vous diront que l’amour se construit lentement, qu’il exige l’attention, et donc les attentions, la vigilance de chaque instant.
Soyez donc vigilants, nous dit Jésus, soyez comme un époux, comme une épouse, toujours attentif, toujours attentive à la présence de sa conjointe, de son conjoint, même si elle le surprend, même s’il la surprend, même s’il ne comprend pas, même si elle ne comprend pas.
C‘est en aimant nos sœurs et nos frères en humanité comme cela, en aimant nos frères et nos sœurs en humanité jusque là et toujours, à chaque instant, » car nous ne savons ni le jour, ni l’heure « , en laissant monter à travers nous la sève du Souffle Saint pour que ses fruits dépassent la promesse des fleurs, que nous rencontrerons notre Dieu qui s’est fait être humain, que nous pourrons prendre la main qu’il nous tend, et que nous pourrons prendre part, notre part à l’avènement d’un monde embrasé par la flamme de l’amour, à l’avènement du Royaume des cieux.