Le soir du Jeudi Saint, juste avant d’entrer dans sa Passion, dans son passage de ce monde à son Père, le Christ a longuement prié. Et il a prié tout particulièrement pour ses Apôtres, mais aussi pour ses disciples, tous ceux et celles qui se sont attachés à Lui, et pour tous ceux et celles qui depuis 2.000 ans continuent de se réclamer de Lui. Il a prié pour chacun, chacune de nous, pour que nous demeurions fidèles à notre vocation et à notre mission d’enfants de Dieu, de fils et de filles bien-aimés du Père…Il a prié pour qu’il y ait entre nous une communion d’Amour aussi profonde que celle qui l’unit au Père…
Mais ce n’est pas pour que nous restions en vase clos, bien au chaud entre nous… C’est au contraire pour nous envoyer en pleine pâte humaine, afin de transformer notre monde, l’habiller aux couleurs de l’Évangile et l’aider à s’arracher au pouvoir du Mauvais, aux forces du Mal. « Père, dit-il, je ne Te demande pas de les retirer du monde.. Au contraire, je les envoie dans le monde, comme Toi, Tu m’as envoyé dans le monde, pour aider les hommes à s’arracher à toutes les forces du mal, à tous leurs chemins de mort ! »
Si notre société, autour de nous et aux 4 coins du monde, est si profondément en crise, ce n’est pas un hasard.. C’est bien parce que les hommes qui décident de son destin se sont fourvoyés et cherchent à nous entraîner tous sur des chemins d’individualisme forcené, d’injustices de plus en plus scandaleuses, de sectarisme et d’intolérance, d’exploitation et de spéculation sans limites où l’argent et le profit par tous les moyens ont balayé tout souci de l’homme, de sa dignité et de son droit de vivre.
Heureusement de plus en plus de voix s’élèvent pour crier haut et fort qu’il est urgent d’arrêter le massacre et de repenser totalement l’avenir de notre humanité, non pas à partir de quelques super puissants ou super privilégiés, mais à partir des petits, des sans voix, de toutes les victimes de ce monde sans cœur qui écrase et détruit tant de vies humaines.
C’est le cas en particulier de certains soulèvements ou combats pacifiques dans de plus en plus de pays, malgré tous les risques encourus et toutes les répressions sauvages qu’ils subissent. Ce sont aussi toutes les organisations humanitaires, confessionnelles ou non, qui œuvrent inlassablement pour sauver des vies humaines, apporter secours et réconfort à tant de victimes innocentes, et réveiller les consciences endormies.
Et c’est le cas également de tous ces hommes et femmes, de tous ces enfants et jeunes qui, en permanence et avec toute leur foi et leur persévérance, se tournent vers Dieu et la Vierge Marie, pour que l’Esprit Saint ouvre les cœurs, même les plus endurcis, afin que se taisent les armes, que cessent les haines et les massacres organisés, pour faire place à des sentiments humains qui, un jour, deviendront fraternels, comme ont su le faire par exemple les pères fondateurs de l’Europe, après la seconde guerre mondiale.
Oh cela ne se fera pas d’un coup de baguette magique ! Mais c’est de plus en plus urgent aujourd’hui d’y croire envers et contre tout, et d’y travailler sans jamais abandonner, avec tous les hommes et femmes, croyants ou non, épris de justice et de paix.
C’est sans doute dans ce sens-là que, juste avant de donner sa propre vie pour nous sauver, Jésus a prié son Père, en disant : « Père, je ne Te demande pas de les retirer du monde, mais au contraire de les garder du Mauvais pour qu’ils soient le levain dans la pâte ! »
Chrétiens, plus que jamais, vivons et crions l’Évangile avant qu’il ne soit trop tard. AMEN !
Père Bernard Trohel